Troisième série de 50 nouvelles erreurs de Moana Weil-Curiel.

 

Précédente série de 40 erreurs, allégations, manipulations, tripatouillages et dénigrements.

 

Nouvelle série de 52 erreurs de MWC.

 

 

Erreur n° 93 : tel est pris qui croyait prendre.

Suite de la note 156 : « …. Enfin, oubliant le prestige du chantier, assurer que ce sont ses qualités techniques qui auraient rallié à lui Poussin ou Champaigne, et que ses rivaux potentiels s’appellent « Quentin Varin, Lalleman[t] voire le lyonnais Horace Le Blanc », c’est encore une fois pratiquer l’amalgame. Simple rappel : de ces noms, seul Horace Le Blanc a contribué à un décor civil. »

 

« …Oubliant le prestige du chantier, assurer que ce sont ses qualités techniques (de Duchesne) qui auraient rallié à lui Poussin ou Champaigne, (…) c’est encore une fois pratiquer l’amalgame » : qui pratique l’amalgame et confond les priorités ? Avant même l’embauche de Poussin et Champaigne, sans ses qualités techniques Duchesne aurait-il été nommé responsable de la décoration du Luxembourg ?

 

La suite de la critique de Moana Weil-Curiel  est consternante d’arrogance et de stupidité, je cite : « Quentin Varin, Lalleman[t] voire le lyonnais Horace Le Blanc » : Simple rappel : de ces noms, seul Horace Le Blanc a contribué à un décor civil. »

« Simple rappel » doublement faux. Erreur historique d’abord : de Lallemant, les deux portraits collectifs (1611 et 1625), du Prévot des Marchands et des compositions mythologiques connues par la gravure (De Nicolo del’Abate à Nicolas Poussin, page118, P. Ramade  : « des œuvres au réalisme populaire hérité de la tradition nordique et italienne : L’entremetteuse […] un flutiste, Anchise et Enée, Judith… »),  montrent  la disponibilité et l’intérêt pour « le décor civil » de l’auteur de tableaux d’inspiration laïque, sinon paiënne  et d’un décor mural religieux, la chapelle de Vic dans l’église Saint Nicolas des Champs.

 

Puis, Thuillier mentionne (op ;cit., page 98)  de Quentin Varin, « titulaire d’un brevet royal »,  et « très lié au cercle des amateurs et de Marie de Medicis », qui avait eu « une dernière partie de carrière toute parisienne », je cite, « d’importants travaux à l’hôtel parisien de Luynes ».

 

Quant à Horace le Blanc, voici ce qu’écrit Sylvain Kerspern, dans la bibliographie, de l’étude consacrée aux jeunes années de Philippe de Champaigne, je cite : « 1623 : séjour à Paris d’Horace Le Blanc, qui travaille pour le duc d’Angoulême à Grosbois; il se peut qu’à l’occasion de l’entrée du roi et de la reine à Lyon le 11 décembre1622, le peintre ait perçu qu’il y avait d’intéressantes opportunités auprès de la couronne, notamment au Palais du Luxembourg ; il doit y rester jusqu’à l’année suivante, portée sur le Saint Sébastien de Rouen (Chomer 1987, p. 21 et 28) ».

 

C’est donc un démenti total et flagrant des historiens à l’affirmation arbitraire de Moana Weil-Curiel  : de ces trois noms, TOUS ont donc contribué à un décor civil. Curieuse conception de la rigueur historique dont se gargarise Moana Weil-Curiel .

 

Erreur de sens ensuite : « de ces noms, [Quentin Varin, Lallemant, Horace Le Blanc] Seul H. le Blanc  a contribué à un décor civil ». ll est question dans mon texte de concurrents potentiels de Nicolas Duchesne  : quelle Madame Soleil aurait prédit  au début des années 1620, à la nomination de Duchesne à la direction du décor du Luxembourg, que Lallemand mort en 1630, Quentin Varin mort en 1634 ou Horace Le Blanc mort en 1637 n’auraient pas tous trois dans les 10  à 17 ans de vie l’opportunité de peindre un décor civil ?  Il n’y a donc pas d’erreur dans ce que j’ai écrit.

 

Mais comme je raisonne avec l’hypothèse d’un Nicolas Duchesne peintre (aussi) de tableaux de chevalet, il n’y a donc aucune contradiction. Lallemant, Varin et Le Blanc, peintres (aussi) de tableaux sur toile, étaient donc, effectivement, des concurrents potentiels de Duchesne.

 

Une fois de plus, l’auteur se dispense de lire afin de mieux afficher son hostilité. C’est ici un nouvel exemple des prétendues erreurs pointées dans mon texte, qui relèvent pour beaucoup d’une lecture partiale et tendancieuse, autant que de l’ignorance.

Quatre stupidités dans une seule phrase, et le fait se répète à satiété (voir sa note 63, sa note 105 –erreurs 68-69-70-71-72-73, voir ici encore l’erreur 142, pour ne mentionner que les plus emblématiques) : sa vindicte outrancière fait manifestement perdre la plus élémentaire logique à Moana Weil-Curiel.

 


Erreur 94 : des enfants en bas âge   

Je cite Moana Weil-Curiel : « On a même parfois l’impression qu’il prend ses lecteurs pour des enfants en bas âge : « le choix de la couleur [est] conditionné notamment par les ombres noires « , « afin de ne pas déborder et salir dans ces zones avec une couleur opaque, il est indispensable de la limiter précisément », etc… »

 

 «…afin de ne pas déborder et salir dans ces zones avec une couleur opaque, il est indispensable de la limiter précisément ». Ce que Moana Weil-Curiel critique ici traduit en fait la différence de manière entre par exemple l’oncle et le neveu : l’un travaillant par économie, en réservant les zones de toile nue, tandis que  le second modèle en pleine pâte, et par superposition de couleurs. Quant on ne sait pas, le persiflage est la plus pitoyable des attitudes.

 

D’autant que j’explique combien cette méthode se prête idéalement à la répétition, du fait d’un dessin préliminaire. Je me cite, et il n’y a là rien de niais, sinon la suffisance de notre va-t-en-guerre : «Afin de ménager la transparence des ombres et ne pas déborder et salir dans ces zones avec une couleur opaque, il est indispensable de la délimiter précisément : sur un portrait, le contour du nez est un repère particulièrement important. Ce même dessin devient alors aisément duplicable, lequel guidera ensuite le remplissage par les couleurs ; d'où la tentation possible de décalquer ce dessin au trait, et de le multiplier, de sorte qu'il est alors vain de discerner l'original et ses répliques, prétendre reconnaître dans ces conditions la main du maître et celle du disciple. « (Mazarin 9, Formalismes).

 

Moana Weil-Curiel nous prouve que tout docteur en histoire de l’art soit-il, il ne maitrise pas la plupart des évidences d’un étudiant de première année : médium, huile noire, les stucs, voûte en arrondi, etc… sont autant d’échantillons de ses limites. Son article dans est sa totalité la parfaite illustration de comment cracher dans la soupe.

 

 

 

Erreur 95 : les lecteurs selon Moana Weil-Curiel      

Je cite Moana Weil-Curiel. « On a même parfois l’impression qu’il prend ses lecteurs pour des enfants en bas âge : « le choix de la couleur [est] conditionné notamment par les ombres noires « , « afin de ne pas déborder et salir dans ces zones avec une couleur opaque, il est indispensable de la limiter précisément », etc.

 

Pourquoi « des enfants », qui plus est « en bas âge » ? Quelle étrange manie de Moana Weil-Curiel  à discréditer ses propos ? De fait, les phrases qu’il cite dans sa note ne sont certainement pas destinées à un enfant, fut-il « en bas âge ». Nous reviendrons sur ce sujet dans l’erreur  n° 140, (texte précédant sa note 128).

 

Mais entendons nous bien : « on a même parfois l’impression qu’il prend ses lecteurs pour des enfants en bas âge », cette phrase, elle est bien, n'est-ce pas, de qui :

-- voit le trône de Dagobert là où il n'est pas (erreur n° 22, note 117) ; 

-- fait d’un homme mort depuis prés de 10 ans le commanditaire puis possesseur du portrait d’un autre, (erreur n° 117) ;

-- voit un hochet d'enfant en lieu et place d'un symbole du Christ (erreur n° 92, note 100) ;

-- emploie médium, médium, médium en lieu et place d'huile noire, d'émulsion, de technique mixte, (erreurs n° 53 et 79, note 138) ;

-- s'offusque du mot axonométrie, (erreur n° 14, note 123) ;

-- emploie un mot pour un autre : section pour coupe (erreur  n°71, note 105), confond raccourci et profil perdu (erreurs n°47 et 77, note 130), amalgame lambris et châssis (erreur  n°70, note 105), patriarcat pour patriciat (erreur n°125) ;

--prend un tableau pour un autre (erreur 76) ;

-- imagine Philippe de Champaigne bricolant des tableaux en biais, (erreur n° 72, note 105) ;

-- dénigre ses pairs : L. Pericolo, N. Sainte Fare Garnot, Fred Licht, J-P. Changeux, sous couvert de m'attaquer (erreurs  n° 11, 43, 78, 82), etc, etc, etc…

 

Une certitude donc : Moana Weil-Curiel ne prend pas ses lecteurs pour des enfants, non, mais bel et bien pour des imbéciles.

 


 

Erreur n°  96 : Une partialité grotesque, première.

Moana Weil-Curiel fustige l’absence dans mon texte de quelque référence selon lui évidente (on peut en douter), par exemple  de Carrache sur la Déploration de Samuel Bernard, je cite Moana Weil-Curiel, sa note 115 : « L’un des plus beaux exemples est fourni par la Déploration sur le Christ mort (perdue mais connue par la gravure de S. Bernard), dont le modèle est manifestement à chercher vers Bologne, et les Carracci, mais qui pour lui revoie forcément à la Grande Sainte Famille de Raphael [sic]… »

 

Une référence évidente à Moana Weil-Curiel : mais je n'ai pas vu une seule mention des Carracci, voire de Bologne, dans la notice de Lanoé sur le dessins du British Museum relatif à cette composition.

De même, à propos de l’une des peintures les plus marquées par cette école, La Samaritaine du musée de Caen dont je pointe justement les ascendances, je note pourtant qu’Alain Tapié, auteur de la notice du catalogue de Lille-Genève, ne fait pas la moindre mention de Carrache ni de son influence.

(De Carrache, je signale, moi, La Samaritaine –Vienne- qui a pu influer sur celle de Philippe de Champaigne ; Moana Weil-Curiel qui me reproche den ne pas mentionner ce à quoi il pense, me reproche aussi de mentionner ce à quoi il n’a pas pensé !). Autre grand maître bolonais, Guido Reni apparaît plusieurs fois dans mon étude.

 

Je serais donc le dernier des abrutis pour avoir oublié ce que ni Lanoé ni Tapié n'ont vu ? Ou bien Lanoé et Tapié sont aux yeux de Moana Weil-Curiel  des imbéciles pour n’avoir pas vu une référence selon lui seul incontournable ? Voilà qui en dit long sur la méthode critique de Moana Weil-Curiel.

 

Mais Moana Weil-Curiel me critique lorsque j’ajoute à l’analyse de Péricolo une référence oubliée (et évidente) à Andréa del Sarto, je cite (voir erreur n°45), note 139 :  « Contestant le rapprochement « trop restrictif » opéré par L. Pericolo, entre la Naissance de la Vierge et une gravure de Ghisi d’après Raphaël, il préfère souligner la « reprise littérale » qu’aurait opéré Champaigne de la composition d’Andrea del Sarto à la S. Annunziata de Florence. Or, ce serait ici par l’intermédiaire des gravures de Theodore Van Thulden reprenant les compositions de l’église - parisienne - des Mathurins. »

 

En résumé, j’ai tort parce que je ne renvoie pas à Carache pour une gravure qui nous rappelle une peinture perdue, mais j’ai aussi tort de renvoyer à Carache pour une peinture existante : curieuse logique de Moana Weil-Curiel !

 

 

Balayer devant sa porte : …qui pour lui revoie forcément… Pour citer de mémoire notre  « leçonneur », le nombre des erreurs d’orthographe dont il a truffé son texte exclut l’excuse d’une simple coquille.

 

 

Erreur 97 :  « Le syndrome de l’Escorial » 

Je cite Moana Weil-Curiel, note 206 : « on pourrait même envisager chez notre auteur un syndrome de l’Escorial ( ?) : « le silence [des contemporains] doit s’expliquer par la vocation du lieu : servir de panthéon à la descendance princière »).

 

Est-ce seulement l’envie de me contredire, ou les connaissances historiques de Moana Weil-Curiel sont vraiment limitées ? Rappelons parmi beaucoup trop d’exemples que n’excuse pas son aveu « nous ne sommes pas spécialiste du peintre ») juste ces trois peintres (erreur n° 93)  qui selon lui n’auraient pas peint de décor civil.

 

Une gravure, anonyme mais du XVII ème siècle, du plan de l’église du Val-de-Grâce, porte la désignation : « chapelle Sainte Anne, où sont déposés les cœurs des princes et princesses ». Cat. d’exposition Le Grand Siècle au Quartier-Latin, Paris 1985.

 

Pérouse de Montclos, L’Architecture française, de la Renaissance à la Révolution, Monge ed., page 184, je cite : « comme à l’Escorial, l’église (du Val-de-Grâce) devait être placée entre un palais pour la reine et un couvent… »

 

Dans son documentaire consacré à Anne d’Autriche pour France 2, Stéphane Bern nous faisait même descendre dans l’étroit réduit ménagé sous la chapelle Sainte Anne, pour nous y rappeler cette fonction. Tout le monde sait cela, sauf Moana Weil-Curiel qui semble s’être fait une règle de masquer son ignorance en attaquant à tout-va : gravure d’époque, Stéphane Bern et Pérouse de Montclos !


 
 
Erreur 98 : la guerre des lignes  

Je cite Moana Weil-Curiel, note 178 : « En 2003, J. Goncalves reprochait à L. Pericolo, à propos de la Cène de Lyon, que « la divergence des historiens entre attribution et rejet aurait mérité plus que deux phrases expéditives sur le sujet ». Or, dans sa notice du tableau de Crux-la-Ville (cat. 158), il conteste, en moins de deux lignes, l’attribution à Plattemontagne faite par les « rédacteurs » du catalogue de Lille (« sans aucun commentaire qui la justifiât »), avant de la juger « parfaitement hasardeuse ». Or les arguments dont il use, malgré d’évidentes disparités stylistiques qu’il cherche à évacuer, ne sont qu’un rapiéçage de détails pris ici ou là. »

 

Moana Weil-Curiel  s’emploie décidément à se décrédibiliser : comment le suivre en effet lorsqu’il affirme qu’ « en moins de deux lignes », je puisse accumuler des « arguments », « d’évidentes disparités stylistiques », et « un rapiéçage de détails pris ici ou là » ?

 

Voici ma notice (cat. 158) dans son intégralité : le lecteur pourra ainsi apprécier la rigueur critique de notre va-en-guerre. « Egalement  frontale  comme  pour  le tableau  de  l'hôpital  Laënnec  (1644-46),  la composition plus resserrée présente plusieurs variantes : l'ange n'est pas le même, le garçon regarde  devant  lui,  son  drapé  est  moins formel, il est agenouillé sur un rocher. Enfin, l'ajout de l'échelle de Jacob confirme cette indépendance.

Le tableau, absent de l’exposition de Lille-Genève, paraissait  cependant  dans  le catalogue  sous  l’attribution  (sans  aucun commentaire  qui  la  justifiât)  à  Nicolas de Plattemontagne.  De  fait,  la  couleur  peut surprendre, le visage joufflu de l’enfant déconcerte. Pourtant les drapés sont conformes à ce que l’on connait de Philippe de Champaigne, avec sans doute une note martiale en moins ; puis la fine matière picturale use de glacis sur des dessous robustes, qui correspond à la manière du maitre et non pas à celle de son élève ; mieux, le bras musclé de l’ange, et son épaule hypertrophiée, s’apparentent au  Saint Jean-Baptiste de Grenoble, et jusqu'au traitement du rocher qui renvoie aussi au Saint Jérôme et à La Fuite en Egypte, certes bien antérieure ; quant à l’association des couleurs blanc et vert délavé, puis bleu de l’écharpe et mauve de la tunique, elle a à la réflexion un précédant illustre :  La Cène de Lyon, en sa partie droite dont la décoloration volontaire est d’ailleurs accentuée par contraste avec la moitié gauche ; enfin, l’artiste n’a pas si souvent daté et signé un ouvrage pour que nous dédaignions celui-ci.

Au delà de l’attribution parfaitement hasardeuse à Plattemontagne, il est permis de douter  de  la  pertinence  du  jugement  des  organisateurs qui  dans  le  même  catalogue maintiennent sans argument l’autographie du Saint Jérôme de Cincinatti et de La Remise des Clefs de Soissons. Ajoutons d’ailleurs cette incohérence de la part de Nicolas Sainte Fare Garnot : s’il ne remet pas en cause le millésime 1654 porté sur la peinture de Crux-la-Ville, la datation qu’il propose en revanche pour la version, autographe ! de l’Hôpital Laënnec : «vers1660», implique que Philippe de Champaigne aurait donc copié un ouvrage de son élève ! Fin de ma notice.

 

L’on voit que, je cite : « il conteste, en moins de deux lignes, l’attribution à Plattemontagne » , prend de fait environ 20 lignes dans une notice qui en compte 28 ! Mais rappelons-nous les nombreux problèmes de Moana Weil-Curiel  avec l’arithmétique : « plus de la moitié de son étude » (mon travail avoisine les 600 pages) pour (sur les répliques) ce qui ne compte qu’une page,  puis les huit études (note 15, erreur suivante), puis les 25 ans de travail (note 15, erreur suivante).

 

Une notice de  28  lignes sur le tableau de Crux-la-Ville (cat. 157) ; de  7 lignes sur la version de l'hôpital Laennec (cat. 87) ; et puisqu'il s'agit d'un parallèle avec La Cène, notons que ma notice sur le tableau de Lyon (cat.117)  est limitée à  2 lignes pour ne pas répéter le développement dans le texte sur tout un chapitre ; que la notice sur La Grande Cène du Louvre (cat. 125) compte 13 lignes ; celle sur La Petite Cène (cat.   124) 8 lignes ; qu'enfin je consacre une page entière, (cat. 252), à La Cène d'Ajaccio exclue par B. Dorival ou systématiquement passée sous silence. On cherchera longtemps la pertinence de la critique de Moana Weil-Curiel.

 

Manifeste de l'incohérence de notre homme, il va, pour contrer le fait que je m'en prenne au commentaire expéditif de Pericolo, quérir dans le catalogue de Lille-Genève non seulement un tableau absent de l’exposition, figurant non par une notice, mais par... la seule légende auteur-titre-format-localisation sous une minuscule photo ! Pourquoi ce curieux parallèle entre La Cène de Lyon et l'Ange gardien de Crux-la-Ville, entre deux tableaux sans rapport de sujet, ni de format, ni d'historique, ni, répétons-le, de nombre de lignes, qui ne sont pas même dans un lieu comparable : un musée national de très grande ville, une petite église de village, ni rien, rien !  Moana Weil-Curiel  n'aurait trouvé chez moi que  cette  notice sur l'Ange Gardien de Crux-la-Ville à opposer à mon reproche des deux lignes chez Péricolo ? Non seulement notre historien va chercher une comparaison dont on cherchera longtemps la raison mais il se plante quant au contenu.

 

C'est la troisième fois, si je me souviens bien (erreur n°50 et erreur n° 117), que Moana Weil-Curiel  use de mon article de 2003 (L’Estampille/L’Objet d’Art, janvier 2003), et la troisième fois pour avancer une critique infondée.

 

Balayer devant sa porte : deux phrases successives commencent par « or ».

 

 
Erreur 99  :  Mes huit études

Je cite Moana Weil-Curiel, sa note 15 : « [J. Goncalves] évoque souvent « ce livre qui m’a coûté 25 ans de travail constant », et, doit-on le rappeler, son premier article date de 1987. J. Goncalves reproche encore au même d’avoir surtout écrit des « textes de circonstance » lors de colloques ou d’expositions. Or, ses « huit études » intègrent des comptes-rendus et des doublons (puisqu’elles correspondent parfois à de simples conférences) »

 

Moana Weil-Curiel a le don de transformer en chausse-trappes, pour s’y prendre les pieds, l’information la plus anodine. Le voilà qui prétend contester le chiffre de 8 articles que j’aurais publié sur Philippe de Champaigne ! « Or ses huit études intègrent des comptes-rendus et des doublons (puisqu’elles correspondent parfois à de simples conférences) » FAUX ! Huit études, plus des conférences. Et que deux d’entre elles portent sur l’église de Pont-sur-Seine, la seconde développe exclusivement sur 12 pages un aspect (les œuvres de jeunesse) seulement esquissé dans la première, consacrée aux trois ensembles de peintures dans l’église : en fait de doublons, ce sont des articles très différends et complémentaires. Tout a sa vindicte, l’auteur trébuche sur l’arithmétique la plus élémentaire.

Dans la même note, avec autant de mesquinerie mais tout aussi faux dans ses résultats précipités, Moana Weil-Curiel écrit que j’évoque souvent « ce livre qui m’a couté 25 ans de travail constant », et, doit on le rappeler, son premier article date de 1987 » (Gazette des Beaux-Arts, janvier 1987). Et notre auteur de calculer : 1987 + 25 = 2012 ! Nous sommes en 2008, j’aurais donc menti sur quatre ans ! Moana Weil-Curiel fait naïvement débuter mon travail sur Philippe de Champaigne à ma publication de 1987 ;  à peine aurais-je commencé à écrire sur Philippe de Champaigne que j’aurais obtenu une publication dans La Gazette des Beaux-Arts ! Ridicule. Ce premier article de 1987 résulte d’un travail initié en juillet 1983 ; et je conserve quatre premières lettres de Monsieur Dorival, toutes datées de septembre 1984. N’en déplaise à Moana Weil-Curiel, le compte est bien atteint !


 

Erreur n°100 :  L'Ange Gardien Laennec et de Crux-la-Ville, suite

Continuons sur la note 178 (voir erreur n° 6), car notre homme s'est fait une spécialité d'accumuler les erreurs, factuelles  et de méthode, dans une seule phrase.

Je cite Moana Weil-Curiel  : «  …dans sa notice du tableau de Crux-la-Ville (cat. 158), il conteste, en moins de deux lignes, l’attribution à Plattemontagne faite par les « rédacteurs » du catalogue de Lille (« sans aucun commentaire qui la justifiât »), avant de la juger « parfaitement hasardeuse ». Or les arguments dont il use, malgré d’évidentes disparités stylistiques qu’il cherche à évacuer, ne sont qu’un rapiéçage de détails pris ici ou là. De plus, devant deux compositions si différentes (Laënnec et Crux-la-Ville), et quel que soit leur ordre chronologique, comment peut-on envisager que l’un de leur deux probables auteurs y « copierait » l’autre ?!. »

 

Premièrement, parmi les arguments qui ne sont qu'un rapiéçage de détails pris ici et là, (que veut-il dire ? ), il y a, s’il vous plait, le fait que le tableau soit signé et daté, je me cite, (cat 158) : « enfin, l’artiste n’a pas si souvent daté et signé un ouvrage pour que nous dédaignions celui-ci. »

 

Deuxièmement, il est permis de voir une relation de modèle à copie entre les deux images : quasiment le même format, même orientation des figures, même orientation de la lumière, jusqu’aux ombres sur les visages qui se répètent, même relation ange-enfant, gestuelle identique, même vue da sotto in sù, forme correspondante du nuage et du rocher… Comment fait Moana Weil-Curiel pour y voir « deux compositions différentes » ? Réponse : en ne connaissant ni l’une ni l’autre. Mais il est coutumier du fait, rappelons, entre maints exemples, la fameuse date 1636 de 20 cm de long, (erreur n° 117) qui selon notre historien, « peut être mal lue » ! Et c’est Moana Weil-Curiel qui me taxe de myopie !

 

 

Troisième point :  précisons que ma critique de 2003 contre Péricolo appartient à un compte-rendu publié dans L’Estampille/l’Objet d’Art, dont la pertinence fut saluée notamment par D. Rykner. (Voir l'erreur n° 50). Les historiens sont loin de partager l’outrance méprisante de Moana Weil-Curiel  qui nous gratifie ici encore d’une critique parfaitement injustifiée.

 

Quatrième point : au choix, d’un côté, une attribution hasardeuse et arbitraire, sans le plus infime commentaire qui la justifiât, de l’autre, selon Moana Weil-Curiel , des « arguments », « disparités stylistiques », voire « rapiéçages ».

 

Enfin, la mise en exergue de « rédacteurs » implique de notre homme une nouvelle critique : seul problème, je n’ai pas écrit « rédacteurs », mais « organisateurs ». Encore une flèche perdue de qui use à tort et à travers de « rigueur scientifique », dont il  ignore manifestement le sens, je le cite : « je m’écoute et je me convaincs ! »

 

Mais  peut-être Moana Weil-Curiel  songe-t-il, en méprisant délibérément une suite d'observations de 20 lignes qu'il ramène à deux lignes, à la notice du catalogue de Lille-Genève, (2007, page 295), sur le tableau Laennec comme modèle à suivre ? A la bonne heure, voyons ce que nous en dit son auteur sur l'attribution ? RIEN. Sur sa datation vers 1660, (distincte de la proposition de B. Dorival vers 1645) : RIEN. Sur la localisation : chapelle Laennec, c'est vague, s'agissant d'une petite église dotée de deux transepts (le tableau est accroché à main gauche). Sur l'orientation de l'éclairage naturel, et la conformité ou non de la peinture : RIEN. Sur la composition : des notations généralisatrices, dont la principale, sur le paysage, répète Dorival. Sur le dessin : RIEN. Sur la couleur : juste cette ineptie « la pureté chromatique » ! Je n’ai pas de leçon à recevoir de ce genre de travail, encore moins de Moana Weil-Curiel.

 

 

Erreur 101  : Moana Weil-Curiel  tape sur L. Pericolo 

Je cite Moana Weil-Curiel, lequel, dans sa note 191, prétend me critiquer : « Autre belle « évidence », à propos du Saint Jean-Baptiste d’une collection privée (cat. 204) : que l’on puisse identifier le neveu n’empêche pas une  attribution à l’oncle »

 

Dans la mesure ou ma note visait Péricolo, il découle que la critique de Moana Weil-Curiel  contre moi, non seulement atteint Péricolo, mais, comble du ridicule connaissant l'hostilité de Moana Weil-Curiel  à mon égard, vient conforter mon appréciation ! De fait, ce qui semble « si évident » à Moana Weil-Curiel (et à moi !) ne l'est pas pour Pericolo, lequel sans autre argument que la seule ressemblance a contesté l’attribution pourtant soutenue par Dorival en 1992 (BSHAF,  et Supplément  au catalogue,1992), je cite Pericolo, (note 18 page 304) :  « le tableau mentionné dans cet article ne revient pas à Champaigne. Il s'agit d'un Autoportrait de Jean-Baptiste de Champaigne en saint Jean-Baptiste ».

 

Ce n'est pas la première fois que la flèche que Moana Weil-Curiel  me destinait atteint bel et bien L. Pericolo :  j'ai résumé sous l'expression « Moana Weil-Curiel  tire contre son camp » d'autres attaques contredisant les propositions d'autres historiens alors que moi seul était visé. Si Moana Weil-Curiel avait connu son sujet, il se serait peut-être abstenu d’une remarque d’autant  pitoyable qu’elle me donne raison !

Voir encore, sur le même thème et particulièrement savoureuse, l’erreur n°141.

 


Erreur n° 102 : élucubrations de M. Weil-Curiel  

Je cite Moana Weil-Curiel, texte : « Il y à même des notices où il prête à certains des propos qui sortent tout droit de son imagination155 «  ...et note 155 : « Dans sa notice de l’Ange Gardien de l’Hôpital Laënnec, qu’il assimile alors à un Tobie et l’Ange(cat. 87), J. Goncalves commence par retranscrire une - supposée - citation du catalogue de B. Dorival, évoquant, comme « pendant » à ce tableau, un autre Ange Gardien « ou Songe de Jacob [sic], signé et daté de 1654 ». Or ce passage ne s’y trouve pas, mais correspond davantage à un copié-collé mal fait de que J. Goncalvesécrit des deux versions de l’Ange Gardien dans son essai… »

 

La citation « supposée », absente, existe bel et bien, et, énième abus de Moana Weil-Curiel, nulle part je ne la situe dans « le catalogue de B. Dorival », elle provient du catalogue des Sujets sacrés et allégoriques gravés d’après Philippe de Champaigne publié en 1972 par monsieur Dorival dans La Gazette des Beaux-Arts : notice 19 page 27, sur La Fuite en Egypte, dont la référence apparait dans la biographie en fin d’ouvrage. Les chercheurs un peu familiers de l’œuvre de Philippe de Champaigne savent l’intérêt de ce dossier, sauf Moana Weil-Curiel. (Reste que ma notice est à réécrire.)

 

Noter au sujet de cet article de B. Dorival, que notre curieux historien a le culot de me reprocher, à tort comme de juste, de ne pas le mentionner, voir plus loin l’erreur n°130, sur sa note 206.

 

Voici donc ce passage de Dorival  qui serait sorti « tout droit de mon imagination », je cite : «l’original [La fuite en Egypte], inconnu aujourd’hui, se trouvait au XVII ème siècle dans l’église de l’hôpital des Incurables à Paris. Il y fa    isait pendant à un Ange gardien, dit aussi Songe de Jacob, signé et daté de 1654, et qui passa par les ventes Lespinasse…etc… ». Plutôt que de vérifier, monsieur-je-m’écoute-et-je-me-convaincs m’attribue ses élucubrations : « ce passage ne s’y trouve pas, mais correspond davantage à un copié-collé mal fait de que J. Goncalves écrit des deux versions de l’Ange Gardien dans son essai… » Comment peut-on être aussi irresponsable ?

 

Reprenons : « ou Songe de Jacob [sic]» : le [sic], supposant encore une critique de Moana Weil-Curiel, atteint donc B. Dorival, puisque c’est bien l’historien qui désigne un Songe de Jacob. L’imprudence (euphémisme) de Moana Weil-Curiel est effarante.

 

Ajoutons encore la partialité affligeante : un « copié-collé » qui n’existe pas, mais qui ne peut être que « mal fait ». Et le pluriel : « Il y à même des notices où il prête à certains… » ; or la seule et unique que Moana Weil-Curiel soit capable d’identifier s’avère fausse ! Il ne s'agit donc pas d'une « supposée citation du catalogue» : quant on ne sait pas, on se tait.

 

Ce n’est pas la première fois, loin s’en faut, que désigne par un pluriel ce qui n’apparaît chez moi que comme une exception, qu’il met invariablement au service d’un dénigrement infondé : ainsi à propos « des » vanités, voir l’erreur n° 110, et du « petit muret », terme particulièrement inapproprié, voir erreur n° 114.

 

Balayer devant sa porte, je cite : « Il y à même des notices… », le à !

Et encore : « un copié-collé mal fait de que… »

 

 

Erreur n° 103 : Fred Licht nouvelle victime collatérale de Moana Weil-Curiel

Je cite Moana Weil-Curiel : « voir notre artiste-peintre utiliser généreusement le terme de « fresques » (notamment pour le décor de la Sorbonne ou celui de l’église de Pont-sur-Seine128), alors qu’il s’agit, à chaque fois, de peinture à l’huile sur enduit… » (voir aussi erreur 91)

Emploi pas si généreux que cela, puisque le terme n’apparaît que trois fois, et exclusivement pour les décors de la Sorbonne et de Pont-sur-Seine, dont deux dans les titres, confirmant ainsi le sens générique plus que technique. De fait, je cite Marie-Thérèse Baudry et Jean Rudel, « par suite d’un abus de langage, le mot fresque est trop souvent devenu synonyme de toute peinture murale d’une certaine dimension » (Fresque, Dictionnaire des termes techniques, l ‘atelier du peintre et l’artde la peinture, Larousse, pages 143-149).

Avant de jeter la pierre, Moana Weil-Curiel devrait regarder autour de lui. Un exemple entre cent, dans le dossier de l’art sur Nuno Gonçalves (Juillet-Août 2006, éditions Faton), chacun lira en première page de l’article de Jorge Filipe de Almeida et Maria Manuela Barroso de Albuquerque : « …cette magistrale fresque en six panneaux… » introduisant des peintures à tempéra sur bois.

Même dans le cas ou le terme de fresque semble couramment employé sinon le plus approprié, pour désigner les murs peints romans comme gothiques, l'approximation est de mise, comme il ressort de la présentation de Marc Thibout, (La peinture romane en France, Chefs-d'oeuvre de l'Art, 1968), je cite : « C'est souvent le terme exclusif de fresque que l'on donne aux peintures murales de l'époque romane, tout au moins en France ; l'expression est à vrai dire trop restrictive. […] Dans certains cas la peinture à la « détrempe » a été la seule employée, à l'exclusion de la fresque, et cela deviendra la règle à partir de l'époque gothique, car le procédé est plus facile et libère le peintre d'un emploi du temps trop rigide. »

Or, dans ce cas précis, la technique de la détrempe est plus proche de l'huile, puisque toutes deux recourent à un liant, contrairement à la fresque.

 

Reste que Philippe de Champaigne, se conformant au règles de la peinture murale, atténue le profondeur et les volumes, rejoignant en cela les effets de la fresque. Tel n'est pas le cas de Goya dans la chapelle de la Florida ou dans ses peintures noires, ce qui n'empêche pas Fred Licht d'écrire (Goya, Eds Citadelles et Mazenod, page 204), je cite : « le fait même que Goya ait eu recours à la fresque plutôt qu'à la traditionnelle huile sur toile... » Nous comprenons à l'insistance de l'historien sur le mot fresque que Goya aurait pratiqué cette technique spécifique ; or il s'agit, comme pour Philippe de Champaigne, d'huile sur enduit. F. Licht utilise donc le mot dans son acceptation large de peinture murale, exactement comme moi je l'écris à propos des peintures de l'église de Pont-sur-Seine. A quand une diatribe de Moana Weil-Curiel  contre Fred Licht ?

 

Mais Moana Weil-Curiel n’est pas ici comme en tant d’autres cas en position de donner des leçons. En l’occurrence, le diplôme de l’Ecole nationale des Beaux-Arts inclut un cours de fresque : j’ai fréquenté l’atelier Licata, où chaque étudiant devait réaliser à fresque une petite composition d’environ 50 cm. de côté.

 

 


Erreur n° 104 : Manipulations et ignorance flagrante de Moana Weil-Curiel

Je cite Moana Weil-Curiel, texte : « Est-ce un praticien « tout au long de l’année » avec la sensibilité et la connaissance qui devraient en découler qui use, ailleurs, de tels simplismes : « les glacis brillent davantage que les opacités ».

 

Il n’y a pas de phrase semblable dans mon texte, seulement une proposition grammaticale, ce qui est loin d’être la même chose, je me cite, (Richelieu 2, la technique de Philippe de Champaigne) : « [Philippe de Champaigne] a pu mesurer toutes les potentialités de l'émulsion, comme en témoigne la présence d'oeuf dans sa peinture : aussi reste-t-il critique dans son adoption des principes italianisants. Les ombres sont placées au moyen d'une couleur transparente : par exemple, les glacis brillent davantage que les opacités, dans le Portrait d'Antoine Singlin, et se localisent tous dans les ombres. »

 

Manipulation

Isoler une proposition pour en faire une phrase indépendante, ignorer que son contenu partiel est conditionné par la phrase toute entière c’est généraliser abusivement. Mais Moana Weil-Curiel qui nous avais pourtant prévenus : «   …nous démarquent de ses méthodes, nous avons pris le parti d’appuyer nos constats par de nombreuses citations, nous permettant juste de souligner en italique certaines expressions ou assertions» …semble avoir érigé en règle la trahison du sens.

 

Moana Weil-Curiel  généralise pour dénigrer ce qui est une stricte observation ponctuelle d’ailleurs initiée par le « par exemple ». De fait, j’avais remarqué avec surprise en 1995 sur le Portrait d’Antoine Singlin que la joue, opaque, faisait un ilôt mat au milieu de la brillance des glacis. L’observation était pour le moins curieuse, et loin, justement de toute banalité. Habituellement, la surface d’une peinture est uniformément brillante, dans les opacités comme dans les transparences, en raison des vernis successifs ; que ce ne soit pas le cas sur ce portrait, parfaitement verni pourtant, indique une consistance particulière des opacités. Seconde bizarrerie pointée dans cette phrase sur les glacis, ils  « se localisent tous dans les ombres », alors qu'un glacis n'a de sens que pour modifier une couleur opaque, donc localisée en pleine lumière ; mon observation n’est donc pas banale, elle est donc tout sauf stupide, comme l'ignorance flagrante et le mépris de Moana Weil-Curiel  tentent de le faire accréditer.

 

Ignorance

De fait, un glacis n’est pas nécessairement brillant.

Un glacis est transparent, ce qui n’est pas la même chose : la transparence est dépendante du milieu traversé par la lumière, tandis que la brillance dépend de la surface offerte à la lumière par ce même milieu ; le marbre est brillant, non pas transparent.

De même qu’une opacité, c’est à dire un milieu (relativement) imperméable à la lumière, peut être brillante, de même un glacis peut être transparent et présenter une surface mate : il suffit pour cela d’incorporer de la cire dans le médium. La visibilité des détails n’en sera pas altérée.

Si faible praticien que me juge Moana Weil-Curiel, sur quelle base ? j’en sais largement assez pour ridiculiser les critiques indignes d’un homme qui  a décidément indexé son persiflage à hauteur de son ignorance. En conclusion, je puis affirmer : c'est en praticien confirmé que j’observe l'anachronisme que constitue, dans un contexte très particulier la présence de ce qui ailleurs est une évidence.

 

 

 

Erreur n°105  : La malhonnêteté intellectuelle de Moana Weil-Curiel  : Richelieu de Chaalis

A propos du Richelieu de Chaalis, sur les trois observations que j'avance, Moana Weil-Curiel critique la seule laissant quelque part à l'interprétation. De fait, ma conclusion est aussi fondée sur deux autres arguments qui n’admettent aucune subjectivité, et suffiraient seuls à justifier mon attribution. Je me cite, cat. 14 : « la perspective forcée et l'encombrement de l'espace, d'esprit maniériste, l'importance des motifs d'architecture, renvoient à l'influence directe de Fontainebleau. Deux autres considérations appuient cette datation inédite : la croix du Saint Esprit est une adjonction postérieure non prévue en raison de la position de la main, et la barette à quatre cornes au lieu de trois montre un peintre qui n'est pas familier avec le couvre-chef d'un cardinal, approximation qui ne serait plus excusable en 1635. »

 

Ainsi, curieuse méthode de Moana Weil-Curiel que son ignorance délibérée de ce qui est incontournable, pour ne retenir que ce qui peur prêter à nuance, cela pour fonder sa condamnation.

En résumé, lorsque Moana Weil-Curiel isole et conteste un mince argument pour s’opposer à mes conclusions, cela se traduit par : le Richelieu de Chaalis est de 1635 parce qu'il n'y a pas de référence à Fontainebleau ; nous chercherons longtemps la logique de cette argumentation…

Mais le plus drôle de l’histoire, c’est qu’en écartant délibérément deux arguments vérifiables pour ne privilégier que ce qui laisse place à quelque interprétation, Moana Weil-Curiel s’expose inévitablement à être pris en défaut : ce n’est certainement pas une manifestation de pertinence ni d’intelligence.

Et c'est lui qui me reproche de ne pas être convaincant !

 


 

Erreur n°106 : La malhonnêtetè intellectuelle de Moana Weil-Curiel  : Le Christ mort du Louvre

Je cite Moana Weil-Curiel, sa note 142 : « Passant encore une fois de l’éventualité («l’artiste a pu s’appuyer sur… »), à la certitude, il n’hésite pas à considérer que la seule référence possible du Christ mort du Louvre soit la Déploration (au format plus modeste) des Le Nain conservée à Darmstadt : « Plus que des ressemblances fortuites, il y a entre les deux peintures, une véritable et très volontaire filiation jamais signalée ».

 

« …la seule référence possible ». Faux, faux et faux : en plus de La Déploration des Le Nain, je signale La Piéta d 'Avignon, rapprochement que Moana Weil-Curiel  dénigre bien entendu, Le Christ mort de Holbein, le Christ mort du Voeu de Louis XIII, et je termine ma notice 111 sur ce paragraphe, je cite  : « Enfin, cette iconographie, dont on aurait tort de célébrer la nouveauté, est au contraire fixée de longue date : corps puissamment musclé, linceul horizontal sur une dalle de pierre, la couronne d'épines verticale   et quatre clous, puisque déjà présente sur la gravure de Samuel Bernard d'après une Mise au Tombeau perdue dont l'exécution remonte à la décennie Richelieu selon Dorival, voire plus tôt selon moi. » En fait de «  seule référence possible », j'en énumère au moins 5. C'est un nouvel exemple de la malhonnêteté intellectuelle de Moana Weil-Curiel, qui récidive après le Richelieu de Chaalis (erreur précédente).

 

Je cite ma notice 111, où l'on voit que je tente de légitimer la datation précoce que je propose : « La seule certitude est constituée par la gravure de Plattemontagne, de 1654 ; ajoutons cependant, parmi d'autres éléments de datation étudiés dans le livre (et à la notice sur Le Christ mort de Saint-Médard, n° 231), que le texte gravé en lettres minuscules dans la pierre, avec des éclats de lumière, est un motif répété par Champaigne dans beaucoup d'œuvres de 1648 : Moïse, à 1651: Portrait du R.P. Philipini. Par ailleurs l'anatomie vigoureuse, le support de bois, le contraste de l'éclairage et la couleur brune, appellent la comparaison avec  Le Christ sur la Croix de Toulouse et La Sainte Face ; soit une datation à partir de 1646. »

 

« …au format plus modeste » : en quoi le format plus modeste empêcherait-il la comparaison ?

 

 

Moana Weil-Curiel  : je m 'écoute et je me convaincs.

 


Erreur n° 107 : où est le problème ?

Je cite Moana Weil-Curiel, texte ouvrant sur la note 124  : « Est-il nécessaire d’évoquer « une tendance à la dilatation horizontale » pour expliquer le réagencement d’une composition similaire dans un format différent ? De même, est-ce véritablement la singularité du « principe harmonique » qui concentre des « foyers de couleurs intenses » dans « une plage à dominante neutre » ?! »

 

« une tendance à la dilatation horizontale ». Je cite ma notice, cat.101 : « Il n'est pas sûr comme cela a été dit, que cette petite toile soit une étude pour le retable de Rouen. En effet la comparaison avec l'œuvre définitive, d'un format vertical, révèle pour L'Adoration des Bergers de Narbonne une tendance à la dilatation horizontale : léger tassement du berger de premier plan et étirement des intervalles favorisent l'inscription de la composition dans un format ovale. »

 

Est-il nécessaire d’évoquer « une tendance à la dilatation horizontale, etc… Mais ce n'est pas une démonstration de ma part, la mention d’une dilatation horizontale n’explique nullement, Je me borne à noter le fait en constatant que l'auteur de la peinture est passé d'une première version verticale à une version horizontale, sans autre modification notable de la composition. On ne voit donc pas où se situe la critique de Moana Weil-Curiel, lequel réitère ma conclusion sous une forme hostile.

 

« La singularité du « principe harmonique » qui concentre des « foyers de couleurs intenses » dans « une plage à dominante neutre ». Tous les historiens sont loin de partager la vindicte aveugle de Moana Weil-Curiel, je cite Paul Lang (cat. Lille-Genève, p.173, cat. 39) : « José Gonçalves établit une analogie entre le shème mis en œuvre dans ce portrait d’apparat et celui auquel l’artiste a recours une année auparavant dans La Présentation au Temple, […]Dans ces deux compositions, un cadre architectural aux éléments tridimensionnels fortement accentués et à dominante grise, voire neutre, sert d’écrin aux variations d’une couleur primaire. »

Le même Paul Lang écrit, page 159, cat. 32 : « relevons, à l’instar de José Gonçalves, la part significative dévolue ici à l’écriture. »

 

Donc, voici deux critiques de Moana Weil-Curiel  qui n'ont pas lieu d'être.

 

 

Erreur n°108 : un tableau pour un autre : L’Enfant au faucon

Je cite  Moana Weil-Curiel, texte : « J. Goncalves lui restitue [à Duchesne], sans véritablement envisager d’alternative160, et avec des arguments toujours aussi fragiles161, qu’ils soient stylistiques162 ou techniques163 »…

…Et sa note 162 : « Que l’Enfant au faucon recoure comme l’Adoration des Mages du Mans au même rouge intense et vert lumineux suggère une paternité commune » puisque les « contradictions, affinités et oppositions soulevées par l’attribution de cette dernière « s’expliquent en revanche si l’œuvre est rendue à Duchesne ». » Le moyen format, le support et les empâtements de la matière, l’opacité et la couleur éclatante sont des caractères de la peinture de Duchesne établis [par J. Goncalves] d’après la lettre de Maugis et les peintures du Luxembourg…Leur réunion dans l’Enfant au faucon qui font le trait d’union entre l’art de Pourbus et celui de Champaigne, etc… »

 

La notice ND 1 de mon catalogue incriminée par Moana Weil-Curiel correspond à un tableau intitulé L’Enfant au faucon vendu au début des années 2000 par la galerie Steinitz ; mais les liens insérés par Moana Weil-Curiel renvoient tous à La Petite Fille au faucon du Louvre qui figure dans mon catalogue dans la partie des désattributions (cat. XP 83). Notre homme qui prétend ailleurs (voir sa note n° 22, où comme de juste, il se trompe lamentablement), mettre en doute mes numérotations ferait bien de balayer devant sa porte, ici comme partout dans ce qu'il a écrit ; son mépris pour un titre admis de tous les chercheurs fait désordre, d’autant qu’il écrit à mon intention, je cite, note 4 : «…Enfin, dans ce travail entamé depuis longtemps, on appréciera […] cette recréation d’un intitulé « voir l’art au temps de Mazarin, cat. exposition, Le Mans [N. B. : il s’agit de Éloge de la clarté. Un courant artistique au temps de Mazarin (1649-1661)]. »

Mais charité bien ordonnée…

 

Moana Weil-Curiel   insère  au moins 5 liens pour L’Enfant au faucon, (voir aussi sa note 168) que j’ai volontairement laissés dans la citation, et aucun, pas un ! ne correspond au tableau en question : tous renvoient à La petite fille au faucon du Louvre. Pourtant, à l’énoncé d’un « rouge intense et un vert lumineux » (ma notice cat. ND 1), voire, plus haut dans la même notice : « des couleurs sonores et contrastées », « la même harmonie sonore de rouge, noir et vert », « les vigoureuses complémentaires de L’Enfant au faucon », tout historien un peu renseigné sur le sujet exclurait d’emblée La Petite fille au Faucon (ma notice cat. XP 83), aux variations de rouges éteints et de gris, mais  sans un seul vert : Moana Weil-Curiel, lui, ne sachant pas de quoi il parle, n’en affirme pas moins, et illustre par cinq fois sous la forme de liens hypertexte renvoyant tous au seul portrait du Louvre des citations de ma notice qui décrivent un tout autre portrait, du reste pas même du même auteur !

Mais Moana Weil-Curiel se doute-t-il seulement de l'existence de deux tableaux distincts : « nous ne sommes pas un spécialiste du peintre » ne l'empêche manifestement pas de donner son avis, inévitablement faux et pitoyable. On ne compte plus les confusions de tableaux par un homme visiblement pas armé pour prétendre donner des leçons : Le Christ en croix (erreur 142) du Louvre et de Rouen, L’Adoration des Bergers (erreurs n° 29 et 32), etc…

 

Pire. Rappelons que La Petite fille au faucon est datée par Dorival vers 1629, plus tardivement selon moi en raison de l’habillement : quoi qu’il en soit, notre « docteur en histoire de l’art» ne bronche pas en la mettant en rapport, croyant me citer, avec Nicolas Duchesne mort en 1627. Mais on ne s’étonnera de rien venant de qui vous décrit un Louis Hesselin mort en 1662 possesseur d’un portrait exécuté dans la décennie 1670 (erreur n° 17)!

Mais jamais deux sans trois : dans sa note 103, Moana Weil-Curiel envisage (« hypothèse pour hypothèse »), la paternité de Duchesne-mort-en-1627 sur les deux tableaux de Céphale, Procris et Diane datés unanimement par la critique de 1635 !


 

Erreur n°109 : C'est pas moi m'sieur, c'est Bernard (Dorival)

je cite Moana Weil-Curiel, sa note168 : « Quant à voir dans le faucon, effectivement « emblématique » d’une origine noble, un moyen d’identification du modèle de l’Enfant au faucon (cat. ND1), et passer de l’animal au Grand fauconnier qui pourrait donc être son père (!), J. Goncalves franchit aisément le pas»

 

Le fait est cocasse, pour rester dans les limites de la décence : comme le montre le lien systématique sur chaque mention d'Enfant au faucon, Moana Weil-Curiel  pense au tableau du Louvre, appelé La petite fille au faucon : or, pour ce tableau, l'identification d'Anne de Chevreuse, la fille du Grand Fauconnier,  revient à Dorival. Ce n'est donc pas moi qui  « franchit aisément le pas », mais B. Dorival ; l'indigence intellectuelle de notre monsieur-je-m'écoute-et-je-me-convaincs est telle qu'il ignore que ses attaques vont à Dorival, comme elles portent ailleurs, sur J-P Changeux, Pérouse de Montclos, F. Bergerat-Gentner, Hélène Meyer, N. Sainte Fare Garnot, Fred Licht, L.Pericolo, etc…

La moindre des chose lorsqu'on attaque est de protéger les siens : Moana Weil-Curiel, lui, les pousse  en  première ligne sans même en être conscient.

 

Balayer devant sa porte : « Avant tout basée sur… » On ne « base pas sur… », on « fonde sur…» Voir aussi l’erreur 34 bis qui contient la même faute lexicale.

 

 


Erreur 110 : La tête sculptée

Je cite Moana Weil-Curiel, sa note 140 : « Ainsi, il ne fait aucune mention de l’usage de la draperie ou de la balustrade par les grands Vénitiens, des portraits d’apparat de Van Dyck (dont le seul épigone français serait Sébastien Bourdon…), et des effigies d’artiste tenant des têtes sculptées (il va jusqu’à y voir des Vanités) qui se multiplient dans les Morceaux de réception de l’Académie Royale. »

 

« …des effigies d’artiste tenant des têtes sculptées (il va jusqu’à y voir des Vanités) » :  Il est question non pas de Vanités au pluriel, mais d'une seule tête sculptée, un seul exemple. Un peu de rigueur, monsieur je-m’écoute-et-je-me-convaincs ! (Notons qu’à propos de ce dessin représentant une tête sculptée, F. Lanoé, cat. 89, voit un compas dans ce qui est deux plis d’un tissus, qui visiblement n’interpelle pas notre homme tout tétanisé à me dénigrer).

 

Rappelons le procédé : pour alimenter arbitrairement son persiflage, Moana Weil-Curiel fait ici encore un pluriel de ce qui est de ma part une observation ponctuelle et exceptionnelle : voir aussi l’erreur n° 114 sur « le petit muret », et l’erreur n° 102 sur « les notices ».

 

« …aucune mention... des effigies d’artiste tenant des têtes sculptées...qui se multiplient dans les Morceaux de réception de l’Académie Royale.  … Et donc bien après la mort de Philippe de Champaigne : il est donc normal que je n'en fasse pas mention. Un peu de logique monsieur-je-m'écoute-et-je-me-convaincs ! Mais rappelons dans le même genre, cette critique de ne pas renvoyer à Dorival pour toute référence postérieure à son catalogue, si, si !

Ce qui nous ramène à notre note, et à l’étrange syntaxe de qui se permet de dénigrer les autres, je cite Moana Weil-Curiel : « [José Gonçalves] ne fait « aucune mention ... des effigies d’artiste tenant des têtes sculptées» que pourtant je nomme des Vanités !

Remarquons accessoirement qu’en cette nouvelle occasion où l’on voit Moana Weil-Curiel ajouter une information personnelle, c’est encore une erreur : le fait est systématique, rappelons Lerné (Chavigny) erreur 136, le tableau de biais (erreur n°72), la tétine et le hochet, le trône de Dagobert (erreur n°22), les progrès du médium, le temps de latence des stucs (erreur n°18), etc…

 

Mais il y a une différence entre le portrait d'un sculpteur tenant en main un exemple accompli de son savoir-faire, et un triple portrait incluant l’image d’un artiste mort quatre ans auparavant, dans lequel la tête couchée vraisemblablement sur les genoux prend inévitablement une dimension symbolique. Compte tenu du contexte de l'oeuvre et de l'esprit du temps, la peinture perdue de Philippe de Champaigne s’inscrivait davantage dans le sillage des Quatre philosophes : quatre portraits de contemporains réunis sous l’aura d’un buste de marbre, un tableau de Rubens en hommage à son frère défunt, ou du Aristote contemplant le buste d'Homère de Rembrandt, que des prosaïques portraits de sculpteurs destinés à l'Académie Royale.

Ajoutons que la présence sur le portrait de Philippe de Champaigne, de la femme de Michel Anguier situe ce tableau dans un tout autre registre que celui des portraits de sculpteurs destinés à l’Académie, et c’est là une nouvelle raison pour que je ne pratique pas, moi, l’amalgame. Par contre, elle appelle la comparaison avec un autre portrait générique, que je mentionne justement, de Louis-Michel Van Loo représenté en compagnie de sa sœur devant un portrait de son père mort depuis une quinzaine d’années : là est la véritable continuité, certainement plus pertinente que dans les griefs affligeants de Moana Weil-Curiel. Mais il y a longtemps que notre étrange historien a choisi de dénigrer chez d’autres la pertinence qui lui fait visiblement défaut, je le cite : je m’écoute et je me convaincs. Personne n’en doutera.

 

 

 


Erreur 111 : Draperies et balivernes

Je cite Moana Weil-Curiel, texte : « [José Gonçalves] se garde bien de renvoyer à d’autres exemples plus récents ou plus immédiats qui démonteraient ou contrediraient ses assertions140 », et note 140 correspondante : « Ainsi, il ne fait aucune mention de l’usage de la draperie ou de la balustrade par les grands Vénitiens, des portraits d’apparat de Van Dyck (dont le seul épigone français serait Sébastien Bourdon…)»

 

Faux :  Van Dyck est mentionné tant à propos des draperies en rapport avec l'art de Philippe de Champaigne, qu'à l'occasion d'exclusions d'oeuvres au profit de Jean de Reyn qui fut son collaborateur jusqu’à sa mort.

« Van Dyck dont le seul épigone français serait Sébastien Bourdon… » : Faux encore, puisque je m’étends justement sur les œuvres de Jean de Reyn, au point d’ ajouter au moins cinq nouvelles peintures à son catalogue. Un peu de rigueur, monsieur !

 

Abstenons-nous de rire : « [José Gonçalves] ne fait aucune mention de l’usage de la draperie ou de la balustrade par les grands Vénitiens », illustre le passage du texte, je cite Moana Weil-Curiel, « d’autres exemples plus récents ou plus immédiats qui démonteraient ou contrediraient ses assertions ». En fait de grands Vénitiens, des maitres du 16ème siècle (et seul Giovanni Bellini a fait un usage régulier d’un rebord de pierre en avant d’un portrait), sont selon Moana Weil-Curiel des « exemples plus récents ou plus immédiats » que Poussin, Van Mol, Van Thulden, Rubens, Duchesne, Pourbus, Stella, etc…

 

Et encore, que Bellini emploie indistinctement le motif de la balustrade pour un portrait comme pour une scène religieuse montre la limite d’une éventuelle comparaison avec Philippe de Champaigne, lequel ne l’a jamais accolé à un sujet religieux. Les différences l’emportent largement dans une comparaison qui ne s’impose décidément pas.

 

Mais quelle ironie ! C’est précisément parce que je consacre quelques pages aux motifs de la balustrade et de la draperie (aucun auteur n’en parle, ni Pericolo, ni Marin, ni Dorival), que Moana Weil-Curiel s’avise d’une critique de son cru ! Mais rappelons-nous qu’à propos des plaies vives du Christ mort du Louvre, il trouve le moyen de dénigrer les deux pages qu’il m’aurait fallu pour parvenir à ce résultat. Autre motif original que j’analyse : un recensement typologique des bases de colonne, est sans surprise la cible de l’ignorance et du manichéïsme de Moana Weil-Curiel.

 

En résumé : J’ai tout faux pour n’avoir pas pensé aux exemples récents et immédiats du siècle précédent, ni aux effigies d’artiste qui se multiplient après  la mort de Philippe de Champaigne, ni à Van Dyck dont il est pourtant question dans mon texte  autant que de son collaborateur Jean de Reyn ! Impressionnant.

 

PS : Jean de Reyn que ne mentionnent pas même les auteurs d’ouvrages sur Van Dyck : Van Dyck, Christopher Brown et Hans Vlieghe, 1999. A quand une diatribe de Moana Weil-Curiel ?

 

Erreur 112 :  Le vase de fleurs dans l'Annonciation de Caen

Je cite Moana Weil-Curiel, texte : « l’Annonciation de Caen172, qui ressemble « tellement » aux Deux Anges musiciens du Louvre… » et la note 172 correspondante : « ...Il se sert de l’étonnement de N. Sainte-Fare Garnot devant le coloris (« des gris-verts relevés par le mauve jamais vu auparavant - et j’ajoute jamais après »), prenant au mot son image mais pas son orthographe : « l’aiguilllère [sic] digne du Primatice plutôt que d’un récipient flamand » pour en déduire qu’ils correspondent à un peintre « formé et travaillant au château de Fontainebleau », puisque cette toile « serait la plus italianisante de cette période ». Mêlant faits et supputations, il propose une localisation « jamais envisagée et pour cause » : l’autel de « l’oratoire de Marie de Médicis au Carmel de la rue Saint-Jacques », dont on ne sait rien. En effet, les alternatives à l’hypothèse Notre-Dame, les Filles du Calvaire et les Cordeliers « ne sauraient rendre compte de l’activité d’une équipe de peintres décorateurs œuvrant de 1621 à 1627. »

 

Premièrement, puisque j’écarte une à une les trois hypothèses de localisation : Notre-Dame de Paris, Les Filles du Calvaire et les Cordeliers, il est logique que je finisse sur une proposition envisageable, qui demandera à être confirmée ou infirmée. Où est le problème ? Maintes fois ne sachant pas que me reprocher, Moana Weil-Curiel aligne des citations sous une forme hostile devant seule tenir lieu d’argument.

 

Deuxièmement :  on pourrait attendre de Moana Weil-Curiel, qui estime que je refuse le travail et les conclusions des historiens, qu'il ménage, à défaut de féliciter, chaque fois que  je m'appuie sur une observation d'un tiers que je prolonge. Or il choisit systématiquement le parti de me contester, fut-ce en s'opposant aux conclusions de ces autres historiens, ce que j'ai ailleurs traduit par marquer contre son camp. Voir ici notre monsieur-je-m’écoute-et-je-me-convaincs dénier toute pertinence  à l'observation intéressante de N. Sainte Fare Garnot : « l’aiguière digne du Primatice plutôt que d’un récipient flamand », par le simple fait que  je la prolonge, laquelle jointe à d'autres considérations ouvrent pourtant sur une attribution à Nicolas Duchesne, ferait plutôt pitié. Plus important pour Moana Weil-Curiel dont on louera le sens des priorités est, sans surprise, l'orthographe.

 


Erreur n° 113 : l’argument magistral Duchesse, Duchesne

Dans un paragraphe de son texte (localisable par son renvoi à la note 210) sur le portrait de Charlotte Duchesne, qui accumule des erreurs ayant déjà fait l’objet d’autres notices (voir notamment l'erreur n°25), Moana Weil-Curiel termine par, je cite : « Nous passerons sur […] pour finir, avec lui, sur cet argument magistral : « signalons…qu’une lettre seulement distingue « duchesse » (d’Anguillon) de « Duchesne » (Charlotte) ».

 

Rappelons que la critique a désigné Charlotte Duchesne, femme de Philippe de Champaigne, en un portrait dessiné qui me semble plutôt représenter la duchesse d’Anguillon. J’invite le lecteur à lire ma notice (cat. XP 84) sur ce portrait du Bowes Museum, dans laquelle cette phrase apparait en fin d’une page entière d’analyse, (que je reproduis pour information à la fin de cette page), ainsi que la notice parallèle sur le dessin du Met. (cat Ds 127).

 

A l’évidence, 47 lignes de démonstration sur une notice deux fois plus longue ne sauraient être réduites à cet « argument magistral », qui est davantage une pointe d’humour en guise de conclusion, je me cite : « Enfin, signalons si toutefois il fallait envisager une confusion d'identité dont les modalités nous échappent, qu'une lettre seulement distingue "duchesse" de "Duchesne". »

D’autant qu’elle est introduite par « si toutefois il fallait… » : on est loin de l’argument, c’est au mieux une suggestion ; poursuivons avec « dont les modalités nous échappent » : nouvelle limitation, en aucun cas il n’est question de démonstration, simplement une éventualité. A ma retenue et à ma prudence, Moana Weil-Curiel oppose son outrance et son persiflage.

 

Outre le fait qu’il s’agit là d’une pointe d’humour, et que donner de l’importance à ce qui n’en a pas n’est pas une preuve de perspicacité ni d’intelligence, je renvoie au Giovanni Bellini d’Anchise Tempestini, qui s ‘interroge lui aussi, page 26, sur un semblable glissement orthographique, je cite « …à moins que par une simple erreur de transcription le prénom de Nicolo indique en fait Nicolosia, comme certains l’ont déjà suggéré. » A quand les foudres pitoyables de Moana Weil-Curiel  contre d’éminents historiens : « certains l’ont déjà suggéré », relayés par un autre historien non moins digne de respect ?

 

Ma notice. XP84- Portrait de Mme de Combalet, duchesse d'Aiguillon, (dit) de Charlotte Duchesne

Un dessin du Met. de New York, en relation directe avec cette peinture, porte

l'indication : "la femme de M. Champagne, peintre excellent en portraits au naturel." Mais on ne s'est pas interrogé sur la fiabilité de cette identification. D'autant qu'elle est assurément d'une personne étrangère au cercle de Champaigne : un tel dessin eut été précieusement conservé par le peintre pour peu qu'il représentât sa femme décédée en 1638. Comme il n'a pu écrire cette phrase, elle ne peut l'avoir été qu'après sa mort, soit après 1674. Or, à cette date, qui pouvait attester de l'apparence d'une jeune femme dont la mort à 25 ans remontait à 36 ans ? certainement pas Jean-Baptiste, qui ne l'a pu connaître.

L'existence même de cette inscription sur le dessin participant d'une volonté manifeste d'informer qui la légitime, nous pouvons déduire de son silence contradictoire quant à l'identité de "la femme de M. Champagne" que son auteur n'en connaissait pas le nom. Cela d'autant plus que l'écriture est tardive : outre que la célébrité du "peintre excellent en portraits au naturel" ne peut être reconnue qu'après la Fronde, la graphie Champagne, rarissime du vivant du peintre, se généralise aux XVIII et XIX siècles.

Charlotte est née en 1613 : il est difficile de reconnaître une jeune femme de 23 à 25 ans dans cette figure d'aspect nettement plus mature, daté des années 1635 à 38 en raison de la mode vestimentaire. Puis elle a eu un fils en 1634, et deux filles en 1636 et 1637. Le portrait devrait donc évoquer une femme enceinte ou toute jeune mère : dans le premier cas, on peut être surpris par la poitrine discrète et presque comprimée ; dans le second, noter que le visage ne porte nulle trace de fatigue.

 

Ces doutes sur l'identification sont accentués par les traits du modèle : le moins qu'on puisse dire, est que sœur Catherine dans L'Ex-Voto ne ressemble pas à sa (présumée) mère -en revanche les paupières caractéristiques, la forme du front, les sourcils, les reliefs du nez long, etc… sont autant de points communs avec Richelieu qui font postuler quelque parenté ; parmi les hypothèses envisageables, il y a celle de la nièce du Cardinal, Marie-Madeleine de Vignerot, épouse Combalet, Duchesse d'Aiguillon. Elle est installée au Petit-Luxembourg au moment même ou Champaigne commence à travailler pour le cardinal et probablement à l'aménagement de cet hôtel reçu de Marie de Médicis. Son âge, d'environ 30 ans en 1635, correspond au modèle du portrait. Girardon se serait inspiré pour sculpter les deux allégories du tombeau de Richelieu des deux nièces du cardinal. Tout en admettant les réserves d'usage quant à cette tradition, notons que le visage de  la Piété (photo ci-dessus) présente des traits proches du tableau : menton rond, visage triangulaire, nez long, y compris, semble-t-il la forme des paupières.

 

Un Portrait (dit) de la Duchesse d'Aiguillon conservé à la maison des Filles de la Charité à Paris devrait confirmer mon identification. Mais l'habillement et l'écriture qui situent le portrait parisien dans la génération des De Troy et Rigaud renvoient à une datation approximative en contradiction avec la jeunesse du modèle ; à l'évidence, celui-ci est idéalisé, voire même posthume, si bien  que  l'on ne saurait  lui accorder le moindre  crédit. D'autant que le rapprochement reste vague : au mieux reconnaîtra-t-on le bas du visage, le front et le nez ; mais l'absence du trait le plus significatif : les yeux aux larges paupières, précisément le lien le plus manifeste avec Richelieu, font douter de son exactitude documentaire. Plus convainquant reste en définitive le portrait du Bowes Muséum.

 

Autrement plus fiable, un autre portrait de Mme de Combalet (à Versailles) qui

représente les même traits, plus âgés mais aisément reconnaissables, du portrait britannique ne laisse pas le moindre doute. Précisons qu'indépendamment de l'identification, le seul fait de reconnaître le même modèle dans l'un et l'autre tableau implique qu'il ne puisse s'agir de Charlotte Duchesne, morte à 25 ans.

Enfin, signalons si toutefois il fallait envisager une confusion d'identité dont les modalités nous échappent, qu'une lettre seulement distingue "duchesse" de "Duchesne".

 

 

 

Erreur 114 : Portrait d’homme du Louvre, une véritable fenêtre

je cite Moana Weil-Curiel : « le petit muret (qu’il interprète parfois comme un véritable rebord de fenêtre permettant au modèle d’observer la rue !) » 

 

Aprés les erreurs n° 102 et 110, revoilà le pluriel abusif : non pas « parfois » mais une seule fois, en l’occurrence à propos du Portrait d’homme du Louvre où ce n’est pas un muret mais bel et bien un mur  percé d’une ouverture rectangulaire et verticale qu’il est permis de nommer fenêtre, ouverture à la base de laquelle un épais rebord débordant permet de dégager une goutte d’eau dans l'ombre de laquelle est inscrite la signature. Il y a là tout d’une fenêtre, comme si la maçonnerie était en attente des huisseries : ici encore l’auteur cherche la confusion là où il n’y en a pas.

 

Giotto par exemple est, lui, moins précis dans ses fresques de Saint François à Assise, sans que personne s’avise de mettre en doute sa figuration.

Enfin, il vaut mieux nommer ce qui ressemble à une fenêtre plutôt que désigner un compas, comme le fait F. Lanoé, sur ce qui est en fait deux plis d'un tissu enveloppant une tête sculptée  !

 

Mais à me dénigrer aveuglément en niant l’évidence de l’image, Moana Weil-Curiel atteint le ridicule. En l’occurrence, ce « véritable rebord de fenêtre » est aussi  interprété tel quel dans un article que Moana Weil-Curiel me jette à la figure (voir erreurs 136 et 141), je cite Pericolo (Apollo, sept 2006) : « a fictive stone window » . Une fois encore, Moana Weil-Curiel qui croit m’attaquer touche Pericolo.

Ridicule et irresponsabilité.

 

 

 

Erreur n°115 : Moana Weil-Curiel confond influence stylistique et évolution iconographique

je cite Moana Weil-Curiel  : « sa recherche systématique de modèles très éloignés138 du peintre (Fouquet, Van Eyck, Memling, Ghirlandaio, Giorgione, Pontormo, Tintoret, etc.) »

 

Des modèles très éloignés du peintre, Giorgione par exemple : or, lorsque Pericolo mentionne Giorgione à propos de l’Autoportrait de Cambridge, Moana Weil-Curiel s’emploie aussitôt à en dénigrer l’absence dans ma notice, je cite monsieur-je-m’écoute-et-je-me-convaincs (voir aussi erreur n°138, note 136) : «  [L. Pericolo] souligne que le panneau aujourd’hui à Cambridge rend un bel hommage implicite à leur modèle commun, l’Autoportrait (perdu) de Giorgione, gravé par W. Hollar, nouvelle preuve, si besoin était, des influences italiennes réfutées trop souvent par J. Gonçalves. » Comprenne qui pourra.

 

Mais à cette recherche nullement systématique, il convient d’ajouter la liste des artistes proches par l’esprit, sinon contemporains, de Philippe de Champaigne. Ainsi, prise au hasard parmi mille autres exemples, voici cette phrase tirés de ma notice sur le Portrait de Femme du Bowes Museum, (cat. XP 84) je me cite : « Ce serait faire de Champaigne l'initiateur d'un style, alors qu'il s'est au contraire coulé dans une tradition du portrait bien établie de Pourbus à Ferdinand Elle. »

Ajoutons, de mémoire : Gentileschi, La félicité Publique ; Titien ; A. Carrache, La Samaritaine ; La Cène de Pourbus ; La Sainte Famille de Raphaël, parce que Duchesne l'avait sous les yeux ! De sorte que si l’on fait la somme de l’un et l’autre groupe, se dessine un ouvrage plutôt complet et exemplaire sur ce point !

 

Du reste, tous les noms cités par Moana Weil-Curiel  ne figurent pas dans mon livre comme des influences, mais comme auteurs d'oeuvres marquant des étapes dans l'évolution d'un thème : par exemple je mentionne La Naissance de la Vierge de Ghirlandaio sans rapport direct avec Philippe de Champaigne autre que thématique, au contraire de Andrea del Sarto sur le même sujet.

Mais rappelons les erreurs 5 et 6, dans lesquelles j’ai rassemblé en deux tableaux toutes les occurrences de mots et de noms dont Moana Weil-Curiel stigmatisait la fréquence, critique finalement injustifiée.

 

Moana Weil-Curiel  me critique ailleurs (texte et notes 137 à 142, voir erreur 119) parce que je vais chercher des modèles selon lui (Moana Weil-Curiel  : « nous ne sommes pas un spécialiste du peintre »!) très éloignés, ceci, je le rappelle, dans une analyse verticale parfaitement légitime qui fait souvent défaut aux  spécialistes. (Voir aussi l’erreur n°52 sur L’Autel de Bâle, et l’analyse typologique illustrée par l’exemple de Jean-Pierre Changeux).

 

Mais inversement, Moana Weil-Curiel  me critique lorsque, par exemple pour Le Christ mort du Louvre, je cite (note 142) : « [José Gonçalves] n’hésite pas à considérer que la seule référence possible du Christ mort du Louvre soit la Déploration(au format plus modeste) des Le Nain conservée à Darmstadt : « Plus que des ressemblances fortuites, il y a entre les deux peintures, une véritable et très volontaire filiation jamais signalée… », (et note 203, voir erreur 117), je vais chercher un modèle récent, que moins de 10 ans séparent, avec La Déploration des frères Le Nain. Mais nous avons vu qu'en fait de modèles récents et immédiats, MWC pense "aux grands vénitiens", du siècle précédent !

 

Ce qui se vérifie avec cet autre exemple, note 139, de Van Thulden dans l'église des Mathurins : et le comble, si Pericolo mentionnant Raphael est lui félicité, moi, qui ne conteste pas Pericolo mais ajoute seulement Andrea del Sarto à la suite des références, Andréa del Sarto plus proche, -et mieux encore : Van Thulden lui un contemporain de Philippe de Champaigne, je suis voué aux Gémonies. Un peu de cohérence s'il vous plait !

 

Pour Moana Weil-Curiel, ici comme partout ailleurs, j’ai définitivement tort dans un sens comme dans l’autre : est-ce là encore une manifestation du, je cite, « maximum d’objectivité » et de la « rigueur scientifique » dont il se gargarise, « car, nous démarquant de ses méthodes, nous avons pris le parti d’appuyer nos constats par de nombreuses citations ». Le ridicule le dispute au pitoyable.

 

Moana Weil-Curiel  : je m’écoute et je me convaincs.

 

 

Erreur n° 116   : Gaston de Foix

Je cite Moana Weil-Curiel; texte ouvrant sur la note 112 : « il propose tout simplement d’y reconnaître l’un de ses premiers Autoportraits (« il semble que le peintre lui ait donné ses propres traits »)… Ce qui reviendrait donc à imaginer que le jeune Philippe de Champaigne se serait représenté en guerrier, dans une effigie grandeur nature, prenant place dans une galerie d’apparat à la signification hautement politique… »

 

Moana Weil-Curiel me critique pour mon identification d’un possible (une simple suggestion, nullement appuyée) autoportrait dans le Gaston de Foix du château de Versailles. Mais où est, à priori, l’erreur ? Lorsque Pericolo désigne le visage de Jean Morin là où je désignais un autoportrait en l’un des participants du  Mariage de  la Vierge, ne confirme-t-il pas indirectement la particularité de ce visage sur lequel j’attirais l’attention ?

 

Lorsque S. Kerspern croit reconnaitre un autoportrait dans La Résurrection de Lerné, il le fait encore en se fondant sur ma suggestion à propos du Gaston de Foix.

En quoi, mon identification serait-elle plus absurde que celle de tout autre historien ?

 

D’autant que, est-il besoin de le signaler, il s’agit ici d’un portrait imaginaire, directement copié du Saint Georges (ou saint Liberal ?) de Giorgione du retable de Castelfranco, ce qui laisse toute liberté d’invention du visage. Référence formelle dûment signalée : donc, je ne fais pas « comme si nous ne connaissions pas aujourd’hui le probable modèle (Giorgione au travers de la copie Saint-Simon-Orléans conservée à Londres112) ». Or la principale différence entre le modèle et la figure fidèlement copiée par Philippe de Champaigne tient justement à la recréation du visage totalement distinct.

 

Que j’ai raison ou pas, l’intention est-elle aussi condamnable que la présente Moana Weil-Curiel ? En quoi le principe serait-il stupide ? Philippe de Champaigne ne serait pas le premier à prêter ses traits à une figure : même si les artistes le font assez discrètement, Michel-Ange s’est représenté, lui, en Saint Paul au centre même de la fresque de la chapelle Pauline.

 

 

Erreur 117  : Une comparaison idiote, Moise d’Amiens et 1636 à Pont-sur-Seine

Je cite Moana Weil-Curiel , sa note 128 : « La date 1636 apposée par les restaurateurs du XIXè siècle, même si elle peut être mal lue, peut aussi rappeler une précédente date ».

 

Apprécions le « peut aussi » : sans la moindre certitude, cette critique est-elle justifiée ? Que cette date corresponde à quelque chose, soit, d’autant que je défends, moi, l’hypothèse de trois campagnes de décoration, dont l’une, justement, vers 1636. Mais je renvoie le lecteur à mes doutes sur la fiabilité de cette date, écrite avec une peinture mate, à l’eau, sur un encadrement de bois qui est peint, comme les tableaux décoratifs, avec une peinture à l’huile brillante et transparente. Mais pour argumenter, encore faut-il être allé sur place, dans l’église de Pont-sur-Seine… Ainsi Moana Weil-Curiel aurait-il évité l’autre inanité de sa note, lorsqu’il rapproche ce millésime 1636 du 1663 porté sur le Moïse d’Amiens, associant deux informations distinctes quant à leur crédibilité, celle du Moïse faisant partie du corps même de la peinture et donc incontestable. Il y a une différence entre un millésime original porté dans le corps même de la pâte sur une toile, et une date incluse dans un cartouche « écrit par les restaurateurs du 19 ème siècle » :  quelle certitude qu'il s'agirait d'une reprise d'une information antérieure ? Et, dans l'affirmative, à quel champ étendre ou restreindre cette information ?

 

Pericolo, ignorant que le tableau d'Amiens est signé et daté 1663, le situait vers 1645 : erreur par ignorance, tandis qu’à Pont-sur-Seine, je n'ignore pas la date 1636 apposée par deux fois, au contraire je la conteste : la comparaison de Moana Weil-Curiel  n'a donc pas lieu d'être.

 

Moana Weil-Curiel  affirme d'autant plus brutalement qu'il ignore tout du sujet : prétendre qu’une date, 1636, longue de 20 cm dessinée noir sur blanc à hauteur du regard sur le dossier de ce que nous appellerons ici par commodité une stalle puisse « être mal lue » est une parfaite stupidité, et l’illustration de l’une de ses critiques favorites : la myopie !

 

 

 

 

 


 

Erreur n°  118 : Partialité grotesque, troisième

Moana Weil-Curiel me reproche de signaler des erreurs de proportions à propos de La Présentation au Temple de Bruxelles, avec un argument ridicule sur lequel je suis déjà revenu (erreur 121), je cite Moana Weil-Curiel, note 193 : « …dans la Présentation au Temple de Bruxelles (cat. 118), « les bras trop longs du personnage en jaune trahissent le rôle de l’atelier, trop souvent négligé [sic] » alors que ces « incohérences perspectives du groupe de droite » s’expliquent tout simplement par la disposition du tableau sur l’autel. Ailleurs, il considère que « le sol relevé et la cheminée » de l’Annonciation de Montrésor « qui ne sont pas dans la même perspective que les figures sont d’évidence dus à l’atelier », mélangeant encore collaboration et destination... »

 

Sans doute n’est-il pas inutile de relire mon texte incriminé par Moana Weil-Curiel, je me cite, cat. 118 : « Noter les incohérences perspectives du groupe de droite : les pieds de l'homme en vert étant sur les mêmes marches que ceux de la prophétesse Anne, on comprend mal qu'il puisse se situer devant elle ; les bras trop longs du personnage en jaune trahissent le rôle de l'atelier, trop souvent négligé. »

 

Maintenant, lisons ce qu’écrit D. Brême, fort comparable à mon observation, dans « A l’école de Philippe de Champaigne », page 113, cat 25, au sujet du Crucifiement : « … une curieuse disproportion entre la figure du Christ et celle des soldats, manifestement plus grands, l’effet réduit de perspective de la croix ne suffisant pas à expliquer le phénomène »

 

Nul doute que D. Brême mélange collaboration et destination, n’est ce pas monsieur Moana Weil-Curiel, et que la « curieuse disproportion entre la figure du Christ et celle des soldats » « s’explique tout simplement par la disposition du tableau sur l’autel », dixit Moana Weil-Curiel ! Mais le lecteur l’a définitivement compris : tout est archi-faux venant de José Gonçalves, tout est parole d'évangile venant de quiconque.

 

Apprécions au passage l'argument magistral de Moana Weil-Curiel, singulier (euphémisme) témoignage de ses connaissances des règles élémentaires de la perspective : la situation du tableau dans l'église n'aurait affecté que, et seulement, les personnages du second plan de la seule moitié droite du tableau !

 

Moana Weil-Curiel : « nous ne sommes pas spécialistes. »

 

 

 

Erreur n°119 : des lieux-communs en guise de connaissances techniques.

Je cite Moana Weil-Curiel, suite de sa note 138 : « ...quand J. Goncalves assimile le « métier flamand » d’un peintre du XVIIe siècle à la « grammaire de l’huile, issue de Van Eyck : des glacis successifs aux nuances infinies privilégient l’éclat de vitrail ou d’émail des surfaces » [sic], c’est à la fois user de clichés et faire assez peu de cas des progrès obtenus depuis cette époque dans la maîtrise et les possibilités du médium. »

 

« ...faire assez peu de cas des progrès... » Faux, puisque je prends en compte la technique certainement la plus subtile à cette époque, celle de Rubens, je développe ce en quoi s'en différencie celle de Philippe de Champaigne et analyse son apport spécifique, au point de le tenir pour un inventeur. En aucun cas je n'assimile le « métier flamand » d’un peintre du XVIIe siècle à la « grammaire de l’huile, issue de Van Eyck », puisque je consacre un chapitre entier, ce que ne font jamais les historiens, dont les considérations sur la technique d'un peintre tiennent généralement sur trois lignes (cf, le Rembrandt de C Wright, Mazenod, pourtant de plus de 300 pages... ), à la technique de Philippe de Champaigne. 

 

Je me cite, Richelieu 2 : « Dans l’atelier de Lallemant, son métier flamand pouvait néanmoins s'exprimer : portraits et compositions religieuses animées et complexes, s'accommodaient fort des lenteurs et délicatesses, de la méditation, propres à la grammaire de l'huile issue de Van Eyck ; des glacis successifs, aux nuances infinies privilégient l'éclat de vitrail ou d'émail des surfaces. Mais invisibles depuis le sol, les ineffables passages de tons sont superflus sur un plafond ; le brillant même d'une telle technique devient un handicap dès lors que l'oeuvre s'étend sur une grande surface murale largement éclairée. Même si le jeune peintre a pu être engagé, dans un premier temps, pour l'exécution de parties où cette manière pouvait suffire, il est hors de doute que ses limites ont très vite été manifestes. »

 

Puisque je parle des limites ressenties par l'artiste mis au pied du mur, c'est bien que les peintres du 17ème siècle connaissent d'autres pratiques : de fait, la grande décoration implique des connaissances techniques distinctes de celles que requiert l'exécution d'un portrait. Apprenez à lire, monsieur-je-m’écoute-et-je-me-convaincs !

 

C'est dire que je ne me contente pas des progrès entre les primitifs et le 17ème siècle (et la contraction des pratiques si différentes sur trois siècles trahit assez les limites des connaissances de Moana Weil-Curiel), mais je distingue au moins quatre techniques spécifiques et contemporaines, celle des italiens, celles des caravagesques, celle de Rubens, et celle de Philippe de Champaigne. (Une précision à l'intention de notre monsieur-je-ne-sais-pas-mais-je-dirai-tout, je parle non pas de style, lié à la personnalité de chacun, mais de technique, c'est à dire de logiques particulières suivies dans la mise en œuvre de matériaux bruts communs.)

 

Mais chercher querelle à quelqu’un sur son terrain quand on est soi-même si piètrement armé n’est certainement pas une preuve d’intelligence.

 

 

Erreur n° 120 : quel rapport ?

Je cite Moana Weil-Curiel, texte : « On  a déjà vu à l’œuvre sa lecture « pseudo- psychologique »208 » …et note 208 : «  Ainsi, « l’austérité de l’espace clos » présent dans la sainte Julienne (cat. 86) est « un rappel du travail de l’artiste dans l’église de la Sorbonne » [sic]. »

 

Quel rapport entre le texte et la note correspondante ? Où « psychologie » dans ma notice ? Je me cite : « De fait, parmi d'autres éléments étudiés dans le texte, bien des motifs et des rapprochements impliquent une datation nouvelle nettement plus précoce : une composition comme celle de  L'Annonciation de New York et du  Songe de Joseph, avec le rideau en baldaquin, le traitement identique du rideau rouge et de l'écharpe de l'ange du Songe d'Elie, la base de colonne et l'austérité de l'espace clos comme rappel du travail de l'artiste dans l'église de la Sorbonne, les affinités d'écriture, de dépouillement et d'attitudes avec le Anne d'Autriche et ses enfants présentés à la Trinité… »

 

Il n’est nullement question de psychologie, mais de rapprocher deux espaces, celui réel de Lemercier dans l’église de la Sorbonne, et celui fictif de la Sainte Julienne, et de suggérer que le peintre s’est probablement inspiré de l’austérité du premier où il peignait, au même moment, les pendentifs et la coupole.

 

D’autre part, la première des deux observations : la base de colonne et l'austérité de l'espace clos, passe, elle, à la trappe, sans doute pour plus de « rigueur scientifique » !

 

Avec une telle conception de la logique et de l’intégrité, on comprend, et c’est rassurant, que Moana Weil-Curiel n’en trouve aucune chez moi !

 

 

Erreur 121 : Bourdeaux miniaturiste

Je cite Moana Weil-Curiel, texte précédant le renvoi 61 : «  ses seuls rudiments [de Philippe de Champaigne] proviendraient des spécialistes bruxellois du travail « en petit » (notion que J. Goncalves  traduit de façon restrictive sinon fautive par « miniaturiste ») qui furent, semble-t-il, ses premiers maîtres. »

 

« J. Goncalves traduit de façon restrictive sinon fautive par « miniaturiste » : Moana Weil-Curiel en sait évidemment plus que ce qu’ont écrit les historiens. Nous ne savons rien d’autre que ce qu’en écrit Félibien dans sa biographie sur Philippe de Champaigne : « Michel de Bourdeaux, qui était en réputation de bien peindre en petit… », ce que les historiens ont interprété à leur manière : voir par exemple S. Kerspern, biographie, année 1618 : « Champaigne, toujours à Bruxelles, fréquente l’atelier du miniaturiste Michel de Bourdeaux… »

Sans finalement grand risque d’erreur : Van Eyck est l’exemple type de ces maîtres travaillant indistinctement sur parchemin comme sur tableau de chevalet, Van der Weyden, Barthélémy d’Eyck, (et même le Maître de Moulins), etc…, qui ont fondé une tradition revitalisée en cette fin du 16 ème siècle par le maniérisme septentrional.

 

 

 

Erreur 122  : « diminuer les qualités ou le génie du peintre »

Je cite Moana Weil-Curiel , texte : « Même dans le cas d’œuvres parmi les plus illustres, comme le Christ mort, il est tellement occupé à confirmer son hypothèse qu’il n’hésite pas, à l’occasion, à diminuer paradoxalement les qualités ou le génie du peintre203. »et note 203 correspondante : « Après avoir cité la Déploration des Le Nain comme seule référence au Christ mort du Louvre, il ajoute que « le programme symbolique très volontaire et complexe : plaies vives, couronne d’épines, vers latins, dont à cette date Philippe de Champaigne n’était pas familier, implique un commanditaire, et contredit l’idée d’un tableau gardé par le peintre. » 

 

En quoi dire d'un artiste qu'il travaille d'après un programme fixé par un tiers serait le rabaisser ? Cette conception singulière venant d'un historien a de quoi interpeler : rappelons les grands cycles de Zurbaran dictés par les moines, ou les innombrables contrats qui nous sont parvenus imposant à l’artiste les couleurs et jusqu'à la nature chimique des pigments, sans que quiconque déplore que le génie en fut amoindri. Et pour revenir à Philippe de Champaigne, citons sa plus belle œuvre, dont nous savons que le texte, et partant sa présence même dans le tableau, fut rédigé par un tiers, Jean Hamon, Antoine Arnauld ou Robert Arnauld d'Andilly ; et je n'ai pas souvenir que L’Ex-Voto en ait pâti à mes yeux !

Philippe de Champaigne, n’est pas moins grand, Le Christ mort du Louvre n’est pas moins sublime, si les vers qu’il porte sont dus à un tiers.

 

D'autre part : « comme seule référence au Christ mort du Louvre », a déjà fait l'objet de la note 142 (dénoncée ici en erreur 101) où l’on voit que Moana Weil-Curiel use lui aussi -balayer devant sa porte ! du copié-collé, je cite : « [J. Goncalves] n’hésite pas à considérer que la seule référence possible du Christ mort du Louvre soit la Déploration(au format plus modeste) des Le Nain conservée à Darmstadt ». Notre homme s'emmêle ici les pinceaux, cette fois en ânonnant  la même bêtise.

 

Donc, pour conclure : trois erreurs dans cette seule note 203.

 

 

Erreur n° 123

Je cite Moana Weil-Curiel, texte : « …et à rabaisser, comme au XIXe siècle, les qualités de Rubens 96 », et note 96 : « l’Adoration des mages du Mans. Surinvestissant le roi noir de ce tableau, il estime qu’à sa place, Rubens n’aurait fait qu’en « utilise[r] le pittoresque « [sic], tandis que son supposé Duchesne, le dote « d’un rôle structurel prépondérant ». […] A ce niveau, on ne peut même plus parler de myopie…

 

En quoi envisager que la peinture de Rubens serait postérieure à L’Adoration des mages du Mans, et en découlerait pour certains détails, serait nécessairement rabaisser Rubens ? Ailleurs, dans sa note 137, notre monsieur-je-m’écoute-et-je-me-convaincs m’emprunte pourtant cette phrase significative : « le savoir-faire de Rubens comme exemple à suivre ». Est-ce rabaisser quelqu’un que de le prendre pour guide ? Cohérence, cohérence, monsieur ! Il ne s’agit pas tant de bousculer des hiérarchies que d’apporter des éléments nouveaux d’appréciation. Le tableau de Rubens datant de 1627, et celui du Mans antérieur à 1625 selon mon hypothèse de localisation dans l’oratoire du Luxembourg, il n’y a aucune erreur dans ma démonstration.

 

D’autre part, je maintiens contre le persiflage de Moana Weil-Curiel que Balthasar a dans le tableau du Mans un rôle structurel que ne lui donne pas  Rubens. Tel qu’il est situé, il définit un plan dans espace, participant aussi à la définition de la profondeur dans un groupe ramassé de personnages ; au contraire, Rubens pour la version de Bordeaux, place ce roi au premier plan dans une composition frontale VERIF

 

Il ne suffit pas de répéter sous un éclairage hostile pour faire travail de critique.

 

Quant à « rabaisser, comme au XIXe siècle, les qualités de Rubens » :  en somme, Rubens est diminué, Zurbaran (parmi d’autres) n’est qu’un faire-valoir (erreur n°5), Philippe de Champaigne plus encore  (l’anti-Philippe de Champaigne de José Gonçalves, puis erreur n°29 et erreur précédente 122, je rappelle - diminuer paradoxalement les qualités ou le génie du peintre !) : ne serait-ce déjà pas beaucoup pour vanter l’originalité d’un livre sur Philippe de Champaigne et la peinture de son temps ? Ridicule.

 

En somme, j’ai tort parce que je considère que Rubens n’est pas le seul peintre de son temps ; parce qu’il se serait abreuvé à d’autres sources, ce que reconnaissent tous les historiens ; et en dépit de sa critique, Moana Weil-Curiel décidément prompt à se contredire ici comme ailleurs, a le front de me reprocher de ne pas situer les artistes dans le paysage artistique de l’époque.

 

« A ce niveau, on ne peut même plus parler de myopie… » conclut-il sa note : mais nous ne parlerons pas non plus de myopie à propos de qui nous présente un saint Augustin usurpant le trône de Dagobert, un symbole de vie éternelle réduit au rôle de tétine pour nourrisson, un Louis Hesselin propriétaire d’un portrait réalisé 10 ans après sa mort, un Champaigne bricoleur de tableaux en biais, qui démolit les affirmations de ceux qu’il prétend défendre, qui affirme péremptoirement sans connaître l’objet de son propos, etc, etc, etc…, et de quelqu’un qui après tout cela ose encore critiquer les autres !

Non, myopie n’est certainement pas le mot qui vient à l’esprit.

 

Erreur n°124 : Ma prétendue négation de l’influence italienne

Moana Weil-Curiel ouvre son compte-rendu de mon travail par une énormité (euphémisme) qui donne le ton, je cite : « son refus quasi systématique des influences italiennes dans l’art de Champaigne27. Malgré la présence d’artistes - et surtout - de tableaux italiens à Paris, que ce soit au Luxembourg, dans de nombreuses collections parfois illustres, et jusque dans certaines églises de la capitale, J. Goncalves affirme que le jeune Champaigne ignorait « tout » de l’Italie et que, plus tard, il n’aurait de l’art italien qu’une connaissance soit théorique (il oublie trop souvent les possibilités offertes par les gravures), soit que celle-ci passe nécessairement par le filtre de Duchesne28, de Rubens ou de Poussin. Ainsi, malgré la présence, à Paris, de nombreux chefs-d’œuvre, c’est Poussin qui lui aurait offert la plus fidèle transcription de Raphaël ! » (Voir aussi ses notes 18, 136, 137).

 

Absurde ! Alors que je ne cesse tout au long de mon livre de multiplier les correspondances, Carrache, Raphael, Gentileschi, Baglione, Titien, Giorgione, Reni, Andréa del Sarto, fut-ce par défaut. Alors que je note la nécessité pour Philippe de Champaigne, mis au pied du mur au Luxembourg (voir erreur 113), d'apprendre les spécificités de la technique italiennes. Alors que deux chapitres entiers ont justement pour thème l'Italie : Poussin, le référent, et Le défaut de voyage en Italie et ses conséquences ; alors que j'insiste sur l'importance d’un tel voyage aux yeux de l'artiste lorsque son neveu sera à même de l'entreprendre.

 

Refus de l'art italien qui n'existe que dans l'esprit de Moana Weil-Curiel et qui ne l'empêche pourtant pas, cohérence ? de contester mes renvois à Andrea del Sarto, ou de nier au mépris de la plus élémentaire réalité que le décor peint et sculpté du Luxembourg ne soit en majorité de maitres italiens (note 92, dénoncée ici en erreur 61) ; ce qui n'empêche pas notre homme, chaque fois que je veux établir une référence avec l'art italien, d'y trouver des marques plutôt flamandes. (Point n’est besoin de remonter très loin : voir ici l’erreur précédente sur le dénigrement de notre « historien » au sujet de l’influence probable sur Rubens de L’Adoration des Mages du Mans).

 

Que je fasse une référence à l’Italie et Moana Weil-Curiel la soumet aussitôt à son dénigrement obsessionnel, voir la suite de la note 142  : « si Philippe de Champaigne regarde encore vers l’Italie… ». D’autres dénigrements par lesquels Moana Weil-Curiel se contredit, note 136 : « des influences italiennes réfutées trop souvent par J. Gonçalves » ; note 18 :  « C’est le rôle pourtant capital de l’Italie à cette époque qui bénéficie des plus nombreux clichés : « L’Italie attire les artistes flamands parce que son art prend de plus en plus les accents d’une charte de la profession [sic] », « Les artistes vont chercher en Italie la révélation de ce qu’ils peuvent être des penseurs, et non plus seulement des techniciens », « C’est dans la tradition du voyage d’Italie que le peintre d’histoire fonde ses racines », « le répertoire italianisant est essentiellement fondé sur l’allégorie », « L’Italie [avait] doté Rubens des armes contestables de son insertion dans le patriarcat anversois ». ; note 27 : « Puisque selon J. Goncalves« l’influence italienne manifeste dans les arts et la culture… oriente tout naturellement le choix des héros », cette carence se retrouverait dans l’absence complète, dans son œuvre, de thèmes mythologiques […]. De même, il n’aurait consacré au nu, « promu à l’autonomie dans tout le bassin méditerranéen » [sic], que ses représentations de la Passion du Christ, non sans embarras. Prompt à se contredire, J. Goncalves affirme ailleurs que « cette méconnaissance profonde » de l’art italien est « [la] cause première, véritable, du changement radical d’inspiration de l’artiste au début de la Régence », ou d’observer par exemple, « une accentuation de l’élément italianisant (patent dans la Cène de Lyon [et] exacerbé dans la Petite Cène» ; note 28 : « Chez Duchesne, il aurait eu « l’irremplaçable opportunité de se frotter à l’art d’inspiration italienne, non pas à son vocabulaire formel, mais il s’est familiarisé avec ses principes de composition et sa technique » ce qui est pour le moins extrapoler » ; note 137 : « l’Assomption témoigne significativement de l’assimilation des principes décoratifs italiens » ce que Moana Weil-Curiel dénigre par  « nous avons vu ailleurs, comment J. Goncalves  avait déjà recrée l’expérience et donc l’apport de Poussin sur le chantier du Luxembourg. » Et toutes ces citations feraient la preuve de mon refus de l’influence italienne : aberrant !

 

Mais il n’est pas inutile de relire toute cette note critique 137 de Moana Weil-Curiel, je cite : « L’Assomption conservée à Gréoux-les-Bains « témoigne significativement de l’assimilation des principes décoratifs italiens, autant que de la technique, patente dans la matité de l’ensemble et le caractère de pastel des couleurs » [sic]. J. Goncalves n’hésite pas à se servir de cette vision étroite pour résumer le chantier du Luxembourg (« Le savoir-faire de Rubens comme exemple à suivre, et l’ampleur de la tâche à accomplir comme défi : seul, le médium italien permettait de telles prouesses ») ou celui du Carmel (« le nombre des toiles pour le Carmel, leur programme narratif et le format exigeaient la technique et l’esprit italiens »). Il l’accompagne d’une définition tout aussi sommaire : « en simplifiant beaucoup [c’est peu dire…], les Italiens sont parvenus à une méthode leur permettant de dessiner dans l’opacité à la pointe du pinceau, quand les Flamands devaient patiemment faire naître le motif, avec des couleurs transparentes, en alternant couches maigres et couches grasses… Le recours à l’huile noire, en complément de l’œuf, étoffée et allégée par la cire, stimule la gestualité sans nuire aux opacités… Les Italiens ne veulent pas privilégier une couche plus qu’une autre, sans doute par souci d’indépendance [sic], [l’] œuvre naît dans l’incessant et spontané entrelacement de gestes colorés… Rubens sera le relais européen de cette méthode qu’il portera à ses extrêmes conséquences » …

 

En somme, et que l’on adhère ou pas à mes conclusions, Moana Weil-Curiel accumule bel et bien ici des références à l’art italien, accumulation bien propre à démentir ce qu’il appelle mon « refus quasi systématique des influences italiennes dans l’art de Champaigne ». Mais notre homme est coutumier de ce genre de contradiction, ainsi l'erreur n° 104  à propos de sa note 140, où il critique que je vois des vanités dans des têtes sculptées que je ne mentionne pas ! Comprenne qui pourra.

 

J’ai maintes fois  exprimé combien Philippe de Champaigne n’a cessé de regarder vers l’Italie ; mais je fais remarquer que de n’y avoir pas séjourné influence inévitablement sa perception d’un art plus exalté, voire sublimé, que connu. Cette approche est certainement plus intéressante, sinon plus juste, que la négation pure et simple, que m’attribue arbitrairement Moana Weil-Curiel, de l’influence italienne.

 

Je ne constate d’absence d’influence italienne sur son art que durant ses premières années, « le jeune Champaigne ignorait « tout » de l’Italie » étant lié, si je me souviens bien, à son arrivée à Paris ; et je m’étonne en conséquence que l’on attribue à l’artiste, encore sous l’influence de l’enseignement de Lallemant, des compostions aussi italiennes que les peintures du Luxembourg, alors qu’il se trouve dans l’équipe des peintres plus avertis sur ce point, forts d’avoir étudié sur place les chefs-d’œuvre de la peinture italienne, à commencer par Duchesne, Poussin et Mosnier. Je me cite : « On notera aussi qu’il n’y a aucune influence italienne dans ces trois tableaux (Les trois Ages, Le Prévôt des marchands de Montigny-Lencoup, et le Portrait de Guillaume du Vair), ce qui est logique venant d’un artiste flamand ignorant, contrairement à la majorité de ses contemporains, tout de l’Italie. C’est ce qui domine au contraire dans les peintures du Luxembourg, comme dans celles pour l’église du Carmel, au point même que c’est là le véritable sujet d’étonnement, ce que la critique a ignoré. »

Par contre, toute influence via l'école de Fontainebleau me semble renvoyer à la médiation de Nicolas Duchesne.

 

Le lecteur attentif aura remarqué que Moana Weil-Curiel mélange allègrement, dans sa critique, des observations relatives aux débuts de Philippe de Champaigne, lequel n’avait effectivement pas été confronté à la grande décoration, et d’autres phrases tirées des périodes suivantes, qui témoignent d’une volonté constante de se référer à l’Italie. Se servant des unes pour contester les autres, voulant en résumé que Philippe de Champaigne ait connu l’art italien quand il n’en avait pas encore les moyens, mais inversement qu’il l’ai ignoré quand tout son œuvre en manifeste l’ascendance !

 

D’autre part, arguer de la présence à Paris de nombreuses peintures italiennes (j’en mentionne un certain nombre, de Guido Reni à Baglione), et le rôle des gravures (que je reconnais, à la suite de Dorival, je me cite, chap. Le langage de la préciosité : « complexé de ne pas connaître le répertoire italien que par procuration, par les gravures et les interprétations des artistes rentrés d’Italie… », mais que Moana Weil-Curiel s’empresse comme de juste de dénigrer, je cite : « Comme Champaigne disposerait selon [J. Gonçalves] d’une « banque de motifs », « compilation personnelle (sic) de gravures et de dessins de provenance variée »33 (voir sa note  33 et l’erreur n° 128), ne remplace pas un voyage sur place. Que pouvaient apprendre à un jeune peintre des tableaux de chevalet disponibles à Paris de leur relation originale à un espace donné, à un décor, à un monument ? Questionnements pressants : dès 1633 et 1636 confronté à la grande décoration murale, Philippe de Champaigne a dû décorer des voûtes, gothiques au Carmel, classiques au Palais Cardinal, mais sur quels antécédents ? Ce qu’il entendait des Raphaels au Vatican, du Corrège à Parme, n’a pu qu’enflammer son imagination. Non pas combler des lacunes : sans doute faut-il comprendre ainsi qu’il ait décliné, en ces mêmes années, la décoration d’une chapelle à Saint-Cloud ; tous les historiens signalent justement combien le parti décoratif adopté à la Sorbonne était dépassé.

 

Suite des allégations de Moana Weil-Curiel : « il oublie trop souvent les possibilités offertes par les gravures » : mais que signifierait de ma part une connaissance théorique sinon une connaissance différée, c’est à dire, justement par le biais des gravures  ? Une fois de plus Moana Weil-Curiel enfonce une porte ouverte, d’autant qu’il s’est empressé d’ironiser, je cite son texte menant à la note 33 : « Comme Champaigne disposerait selon lui d’une « banque de motifs », (« compilation personnelle (sic) de gravures et de dessins de provenance variée ») ». Je répète (chap. Le langage de la préciosité) : « complexé de ne pas connaître le répertoire italien que par procuration, par les gravures et les interprétations des artistes rentrés d’Italie… » Myopie ? Analphabétisme ? « Je-m’écoute-et-je-me-convaincs » ? 


 

Erreur n°125 : Exemple d’absence de rigueur et de vérifications de notre « leçonneur »

Je cite Moana Weil-Curiel, sa note 18, dans laquelle il reprend pour la dénigrer comme de juste, une phrase dont il a soin de modifier un mot : « …L’Italie [avait] doté Rubens des armes contestables de son insertion dans le patriarcat anversois ».

Voici ce que j’ai écrit, (Richelieu 1, chap. Formation : Bouillon, Bourdeaux et Rubens) : «…Un choix qui ressemble cependant à une prise de conscience, tant il est légitime d'opposer le contexte socio-politique de sa terre natale d'un coté, avec l'étouffement de Bruxelles par l'occupant, voire l'Italie qui avait doté Rubens des armes contestables de son insertion dans le patriciat anversois soupçonné de collaboration… »

Le « patriarcat anversois » ne veut rien dire !  Moi, j’ai écrit « le patriciat anversois » !

Accablante illustration de la profession de foi de notre « leçonneur », (c’est son mot) : « nous démarquant de ses méthodes, nous avons pris le parti d’appuyer nos constats par de nombreuses citations, nous permettant juste de souligner en italique certaines expressions ou assertions. » La réalité est bel et bien que Moana Weil-Curiel s’est allègrement autorisé à falsifier, tripatouiller, modifier mon texte, ce que du reste il traduit par, je cite : « je m’écoute et je me convaincs ».

 

Rappelons : « le petit chien si protecteur selon J Goncalves », en lieu et place de « petit chien aucunement protecteur » comme je l’ai écrit. Ignorances, manipulations, tripatouillages, fautes historiques, non-sens, inepties, contradictions, fautes d’orthographe et de syntaxe, fautes d’arithmétique : Oui, Moana Weil-Curiel qui n’est pas même capable de réussir un simple copié-collé ! se démarque RESOLUMENT de mes méthodes.

 


Erreur n° 126 : l’influence italienne, suite

Restons sur le texte et la note 27, je cite Moana Weil-Curiel : « Puisque selon J. Goncalves« l’influence italienne manifeste dans les arts et la culture… oriente tout naturellement le choix des héros », cette carence se retrouverait dans l’absence complète, dans son œuvre, de thèmes mythologiques, puisqu’il lui faut bien admettre, du bout des lèvres (« sans toutefois exclure que… »), ce qui a été confirmé depuis longtemps : c’est Jean-Baptiste qui est l’auteur des tableaux de l’Education d’Achille des Tuileries. De même, il n’aurait consacré au nu, « promu à l’autonomie dans tout le bassin méditerranéen » [sic], que ses représentations de la Passion du Christ, non sans embarras. Prompt à se contredire, J. Goncalves affirme ailleurs que « cette méconnaissance profonde » de l’art italien est « [la] cause première, véritable, du changement radical d’inspiration de l’artiste au début de la Régence », ou d’observer par exemple, « une accentuation de l’élément italianisant (patent dans la Cène de Lyon [et] exacerbé dans la Petite Cène) ». Quant à conclure que si Champaigne avait séjourné en Italie, il ne se serait pas « intéressé » à cette bourgeoisie cultivée, ces hauts magistrats, dont il extrapole qu’ils sont « majoritairement acquis à la morale exigeante du jansénisme ».

 

« ce qui a été confirmé depuis longtemps ». Curieux raisonnement de Moana Weil-Curiel : « que Jean-Baptiste soit l’auteur de L’Education d’Achille aux Tuileries confirme l’absence complète de sujets mythologiques chez Philippe de Champaigne » !  N’est-ce pas le contraire ? Il me semble pourtant que je fais preuve de prudence et de tolérance en admettant une possible exception : Philippe de Champaigne n’est pas familier du répertoire mythologique, quand bien même il faudrait lui reconnaître selon certains L’Education d’Achille attribuée par d’autres à Jean-Baptiste. Je me cite (Port-Royal, chap. le défaut de séjour en Italie) : « Une carence manifeste dans l'absence complète de thèmes mythologiques : il faut attendre les dernières années de l'artiste pour voir citer dans les sources une Education d'Achille, aux Tuileries (sans toutefois exclure que Jean-Baptiste en soit l'auteur) ». Une fois de plus, Moana Weil-Curiel ne sachant que me reprocher, se prend lamentablement les pieds dans le tapis.

 

Continuons. « De même, il n’aurait consacré au nu, « promu à l’autonomie dans tout le bassin méditerranéen » [sic], que ses représentations de la Passion du Christ, non sans embarras. » : où est le problème ? En constatant à la suite de B. Dorival le désintérêt de Philippe de Champaigne pour l’inspiration païenne, je nuance cependant, avec son traitement original et constant de ce motif central du répertoire mythologique qu’il transpose dans le thème de la crucifixion. C’est donc encore ici un tribut, discret, envers l’Italie et l’Antiquité que notre homme méprise pour mieux asséner son arbitraire. A défaut de ne pas savoir quoi critiquer, Moana Weil-Curiel cite à tout hasard. Affligeant.

« Prompt à se contredire » : ou est la contradiction ? En quoi noter une connaissance de l’art italien plus idéalisée que directe serait contredit par le fait d’y reconnaître « la » cause première, véritable, du changement radical d’inspiration de l’artiste au début de la Régence » ? Sans rapport.

 

« cette méconnaissance profonde » de l’art italien  est « [la] cause première, véritable, du changement radical d’inspiration de l’artiste au début de la Régence » : une des causes, s’il vous plait, le chapitre Pourquoi et comment, un chapitre entier ! ayant pour objet justement deux autres causes : la mort du fils de l’artiste, et la mort de Richelieu. Une fois de plus Moana Weil-Curiel dénigre par omission délibérée.

 

« Quant à conclure que si Champaigne avait séjourné en Italie, il ne se serait pas « intéressé » à cette bourgeoisie cultivée » : nouvelle erreur de sens, puisque je constate simplement que, je me cite (Port-Royal, chap. Pourquoi et comment) : « Mais Philippe de Champaigne n'est pas le seul à subir ce glissement des buts dévolus à la peinture : Vouet, Stella, ne se sont pourtant pas remis en cause après la mort de Richelieu puis de Louis XIII auquel le premier devait autant que Philippe de Champaigne au Cardinal. »

 

Plus largement, cette note 27 qui illustrerait mon « refus quasi systématique des influences italiennes dans l’artde Champaigne » est composée de citations qui sont autant de liens avec l’Italie, non pas sur des exceptions, mais sur des thèmes génériques : ainsi du nu, par le motif de l’anatomie du Christ ; ainsi de l’horizontalité de bas-relief, du Mariage de la Vierge à La Petite Cène » . Toute la note 27 de Moana Weil-Curiel est donc la contradiction totale de ce qu’il affirme d’abord. « A ce niveau, on ne peut même plus parler de myopie », pour reprendre une de ses phrases, note 96 !

Mais Moana Weil-Curiel est coutumier du fait, rappelons telle phrase sur ma reconstitution des décors peints, qui renvoie à une note où il n’est nullement question de décor peint.

 

Balayer devant sa porte : deux fois « puisque » dans la même phrase.

 


Erreur n°127 :  Posture d’autorité supérieure

Je cite Moana Weil-Curiel, texte : «hormis sa posture d’autorité et de compétence supérieure17, aussi gratuite que souvent fausse », et note 17 : « Des lignes de force naissent du rapprochement judicieux de plusieurs tableaux : encore faut-il savoir où chercher ceux-ci », « La relecture systématique de ses œuvres m’a amené à des révisions de fond », « la plus grande vigilance a été apportée à présenter une datation fine et cohérente », « toutes les Annonciations existantes sont ici identifiées et localisées, tous les portraits [de Richelieu] attribués, datés et localisés », « seul, parmi ceux qui ont abordé le sujet [les saint Benoît], j’ai tenté une localisation et répartition sur plan… dans la salle que j’ai identifiée », etc. J. Goncalves affirme aussi dénoncer « par quels moyens approximatifs, sur quels minces indices improbables, ces chefs d’œuvre ont acquis la réputation qui est la leur », ce qui constituerait une autre manifestation de la « désinvolture inexcusable de la critique » … Lune dit le Soleil. »

Première citation et première erreur (ou malveillance) : « plusieurs tableaux : encore faut-il savoir où chercher ceux-ci » ne renvoie pas à mon travail, mais au catalogue de Bernard Dorival, je me cite : « la relative méconnaissance de l’artde Philippe de Champaigne par la critique tient à ce que le catalogue raisonné de son œuvre ne parut qu’en 1976. Dû à monsieur Bernard Dorival, cet ouvrage est l’outil indispensable à la découverte de l’artiste.» En fait d’illustration de « posture d’autorité et de compétence supérieure », la citation renvoie bien à l’autorité que je reconnais à l’ouvrage de Bernard Dorival. Notre homme devrait apprendre à lire avant de critiquer les autres.

Premièrement, n’est-ce pas Moana Weil-Curiel qui m'octroie une autorité dans le seul but de prétendre ensuite la contester ?

Deuxièmement, n’est-ce pas Moana Weil-Curiel qui s'octroie une autorité qu'il n'avait pas pour moi au simple fait que j'en ignorais jusqu'a son existence ? C'est Moana Weil-Curiel qui phantasme, en imaginant que je serai venu quémander son avis, quémander auprès de quelqu'un dont j'ignorais le nom autant que l'existence.

Troisièmement, en quoi « La relecture systématique de ses œuvres m’a amené à des révisions de fond », « la plus grande vigilance a été apportée à présenter une datation fine et cohérente », seraient des phrases de mon avant-propos plus egocentriques et contestables que ce que s’autorise Péricolo également dans son avant-propos, je cite : «On a procédé avec ce même esprit critique pour tout l’œuvre de Champaigne, en vérifiant chaque témoignage, en identifiant le cas échéant de nouvelles sources, en interrogeant le style de chaque tableau et de chaque dessin. Ce fut un labeur parfois très dur… »

Pericolo encore, note 47 page 301 « ...une neuvième Sibylle, appartenant aux collections du Sénat. N'ayant pu la voir, je ne peux porter un jugement sur ce tableau.»

De N. Sainte Fare Garnot, entre autres exemples, cette phrase du catalogue de Lille-Genève, page 237, cat.68 : « [Le Sommeil d’Elie] n’a pas encore trouvé le commentaire qu’il méritait », en tête d’une notice qui, en fait de tenir ses promesses, accumules les erreurs ; autre exemple du même acabit, page 178, cat. 42 : « cette peinture n’a jamais été commentée comme il se doit » est suivie d’un long bavardage qui ne nous dit rien, justement sur cette peinture, etc…

Pericolo a le droit moi pas. Pourtant Pericolo n'avait rien écrit sur Philippe de Champaigne avant son livre ; sur quoi se fonde son autorité ? Loin de moi l’idée de la mettre en doute, je critique le dénigrement à priori de Moana Weil-Curiel à mon égard : en comparaison avec Pericolo, je présente bien plus de raisons de connaître mon sujet. Je ne fais pas irruption du jour au lendemain, mon premier texte dans la GBA remonte à janvier 1987, et mon livre sorti en 1995, quant n’existait en librairie aucun autre ouvrage sur Philippe de Champaigne, fut préfacé par B. Dorival, qui a d'autre part accompagné et encouragé mes recherches de septembre 1984 jusqu'à sa mort. Monsieur Dorival qui m'avait en plusieurs occasions communiqué la localisation de tableaux, comme par exemple le Mazarin d'une col. privée, le Saint Jean-Baptiste idem, ou encore le Victor Bouthillier, etc…

Est-ce parce que Pericolo est historien et moi pas ? Mais mon diplôme de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris qui sanctionne six années d'études ne vaut-il pas celui d'historien de l'art ? Ce sont d'ailleurs nombre des même professeurs qui enseignent à l'une et l'autre grande école. Puis ma pratique quotidienne de la peinture ne me donne-t-elle pas accès à des cheminements, des approches distinctes et complémentaires de l'historien ? Pas un peintre n'avaliserait le concept stupide des tableaux pliés à angle droit. Pratiquer à longueur de jour ce que d'autres ne connaissent qu'en théorie me donne une légitimité que seul Moana Weil-Curiel avec sa légèreté affligeante se permet de dénigrer.

J’ajoute : le catalogue que je publie sur internet est le seul depuis celui de Bernard Dorival remontant à 1976 : quel que soit le jugement que l’on porte dessus, il est, par définition, un travail de référence. D’autant qu’il me met en contact avec des collectionneurs, et donne ainsi à connaître des tableaux inédits : de fait, qu'on le veuille ou pas, l'étude de Philippe de Champaigne passe aussi, n'en déplaise à monsieur-je-m'écoute-et-je-me-convaincs, par moi.

« Lune dit le Soleil. » : ironie déplacée et pitoyable de qui voit le trône de Dagobert là ou il n’est pas, de qui ne voit pas le trône de Dagobert là ou il vient à passer, de qui fait d’un mort le commanditaire puis possesseur d’un portrait qui ne le représente pas, de qui vous présente un Champaigne bricoleur de tableaux en biais dans une chapelle ou personne ne l’a invité, de qui voudrait que le christ prenne la forme de tétines et de hochets, si, si, de qui dénie à Q. Varin, H. le Blanc et G. Lallemant toute opportunité de peindre un décor civil, de qui cite un tableau pour un autre et ne peut compter sans erreur jusqu’à 8 –alors jusqu’à 25, pensez donc ! (erreur n° 99), de qui croyant m’attaquer blesse surtout ceux qu’il prétend défendre, de qui confond lambris et châssis, profil perdu et raccourci, patriciat et patriarcat…

 

Balayer devant sa porte : « …ces chefs d’œuvre… » : en me citant, Moana Weil-Curiel ajoute, j’ai vérifié ! une faute d’orthographe.

 


 

Erreur 128 : ma prétendue méconnaissance de la peinture italienne et française

Après m’avoir attribué arbitrairement une négation de toute influence de l’art italien sur Philippe de Champaigne, Moana Weil-Curiel que n’arrête aucune aberration s’attaque à ma connaissance de la peinture italienne et française, je cite  : « Plus gênant est sa méconnaissance de la peinture italienne, hormis quelques références anecdotiques137 ou des clichés, notamment sur l’art du Caravage. Cette manipulation se traduit aussi par sa recherche systématique de modèles très éloignés138 du peintre (Fouquet, Van Eyck, Memling, Ghirlandaio, Pontormo, Tintoret, etc.), même s’il omet, sauf exception, l’usage de la gravure pour la diffusion des œuvres139. Cette recherche de modèles anachroniques apparaît souvent comme un cache-misère, car il se garde bien de renvoyer à d’autres exemples plus récents ou plus immédiats qui démonteraient ou contrediraient ses assertions140, où l’amèneraient à reconnaître sa méconnaissance de la peinture française de l’époque141, hormis quelques noms-alibis142. »

 

Rappelons-nous (voir erreur n°24) : « prés de la moitié de mon étude », je cite Moana Weil-Curiel, qui aurait trait aux répliques, ne fait en réalité qu'une page. Ici, nouvelle récidive de notre historien, ou nouvelle enchère irresponsable : quel lecteur simplement attentif acceptera sérieusement qu'avec ma méconnaissance de la peinture italienne, jointe à ma méconnaissance de la peinture française de l’époque (sans oublier mon omission des gravures !), je parvienne au moyen de tout au plus quelques  « références anecdotiques », « quelques noms-alibis » et autres « cache-misère » à remplir un livre de prés de 650 pages ?

« Sa méconnaissance de la peinture italienne » : pourtant tissée de mentions et relations d'influences entre Philippe de Champaigne et Guido Reni, Giorgione, Raphael, A. del Sarto, Carravage, Dominiquin, Carrache, Mochi, Gentileschi, Baglione, sans oublier ces relais que sont Rubens, Juste d'Egmont, Van Dyck, Jean de Reyn, Salomon de Bray…

 

« Sa méconnaissance de la peinture française » : méconnaitre la peinture française de l'époque jusqu’à poser les premières pierres des catalogues de l'oeuvre de Jean de Reyn, de Nicolas Duchesne et de l’œuvre peint de Jean Morin, est une « tare » dont s'enorgueilliraient nombre d'historiens.

 

«…Car il se garde bien de renvoyer à d’autres exemples plus récents ou plus immédiats » : pourtant, au hasard : La Déploration des frères Le Nain, que Moana Weil-Curiel critique comme de juste ; Salomon de Bray que Moana Weil-Curiel critique comme de juste ; Jean de Reyn ; les deux religieuses du Miracle de la Sainte Epine ; La Cène de Pourbus ; La Présentation au Temple de Varin ; L'Adoration des Mages de Lallemant ; Van Thulden, que Moana Weil-Curiel critique comme de juste, Coypel, Stella, Blanchard, que Moana Weil-Curiel critique comme de juste, …

 

Notons que tous ces noms sont contemporains de Philippe de Champaigne : je renvoie d’autant le lecteur à l’erreur n° 111, où l’on voit que les « exemples récents et plus immédiats » de notre « leçonneur », pour employer son vocabulaire, ne sont pas les noms cités ci-dessus, mais les grands maîtres vénitiens, soit du 16ème siècle, oui ! A ce point d’absurdité (euphémisme), mieux vaut en rire.

 

« …même s’il omet, sauf exception, l’usage de la gravure pour la diffusion des œuvres139 »  Mais notre homme ironise chaque fois que je me réfère aux gravures : voir erreur n°124, sur la collection de modèles de référence comme méthode de travail, voir, quelques pages plus loin, l’erreur 132 sur la note 119, je cite : « à partir d’une gravure, J. Goncalves extrapole… ».

 

S’entendre mettre en doute sa « connaissance de la peinture française de l’époque» pour quelqu’un qui, comme je l’ai déjà écrit dans une autre page, suis allé plus de mille fois au Louvre, comme élève des Beaux-Arts situés en face sur l’autre rive de la Seine, puis comme adhérent des amis du Musée, qui ait régulièrement fréquenté le Cabinet des Dessins accessible sur recommandation, le centre de documentation du Louvre, la bibliothèque Forney et celle du musée des Arts décoratifs, moi qui ait parcouru avec assiduité les salles du château de Versailles, etc… ferait plutôt sourire.

 

Mais il est vrai, je le confesse avec une joie ineffable, que ma « méconnaissance de la peinture française de l’époque » ne m’amène pas, moi, à vous présenter un Champaigne bricoleur de tableaux en biais dans une chapelle ou il n'est pas invité, à vous désigner le trône de Dagobert là ou il n'est pas, et asséner que Louis Hesselin, pourtant sujet, un comble ! de la thèse de notre historien, ait possédé un portrait peint longtemps après sa mort, à voir un hochet et une tétine dans un symbole christique de vie éternelle, toutes occurrences qui dispenseront de s'interroger sur la connaissance de l'art français de leur auteur.

 

Balayer devant sa porte, je cite la syntaxe curieuse : «…ses assertions, l’amèneraient à reconnaître sa méconnaissance de la peinture française de l’époque. »

 

 

Erreur 129 : collaboration, destination et disposition.

Je cite Moana Weil-Curiel, sa note 193 : « Après tout ce que J. Goncalves a pu dire du rôle primordial que l’atelier prendrait dans l’exécution, il se contredirait presque quand il remarque que dans la Présentation au Temple de Bruxelles (cat. 118), « les bras trop longs du personnage en jaune trahissent le rôle de l’atelier, trop souvent négligé [sic] » alors que ces « incohérences perspectives du groupe de droite » s’expliquent tout simplement par la disposition du tableau sur l’autel. Ailleurs, il considère que « le sol relevé et la cheminée » de l’Annonciation de Montrésor « qui ne sont pas dans la même perspective que les figures sont d’évidence dus à l’atelier », mélangeant encore collaboration et destination »

 

Nouvelle manifestation de la curieuse logique de Moana Weil-Curiel, lorsqu’il accuse une contradiction entre « le rôle primordial que l’atelier prend dans l’exécution », et que tels détails « traduisent le rôle de l’atelier » ! En fait de contradiction, c’est bien d’une illustration littérale de ce qui est d’abord énoncé, et notre homme ferait bien d’apprendre à lire. D’autant qu’il ajoute à cette première erreur sa pseudo-explication : « [ces incohérences] perspectives du groupe de droite s’expliquent tout simplement par la disposition du tableau sur l’autel. » Tout simplement ! On reste confondu devant autant de niaiserie.

 

Je résume : parce que je donnerais beaucoup trop d’importance dans mon livre à l’atelier, je n’envisagerais pas que certaines erreurs de perspective puissent relever de « la disposition du tableau sur l’autel » ; il n’y a aucune contradiction. De signaler le rôle de l’atelier dans l’exécution des peintures, ne m’empêche pas de noter la conformité des compositions avec leur destination : en aucun cas je ne mélange « collaboration et destination », je note combien l’une et l’autre sont inséparables : on voit mal du reste comment il pourrait en être autrement.

 

Exemple suivant : « le sol relevé et la cheminée » de l’Annonciation de Montrésor « qui ne sont pas dans la même perspective que les figures sont d’évidence dus à l’atelier » ne laisse non plus aucune place à quelque contradiction de ma part.

Mais Moana Weil-Curiel est habitué à accuser chez moi des contradictions dans ce qui n’est qu’illustration littérale : pour preuve, voir l’erreur  n°126  relative à sa note 27, dans laquelle j’admettrais « du bout des lèvres » que L’Education d’Achille revient à Jean-Baptiste pour confirmer « l’absence complète » chez Philippe de Champaigne de thème mythologique.

 

« …Mélangeant encore collaboration et destination» : encore une stupidité : pour l’observateur, quelle que soit sa position dans la pièce, ne voit –il pas ensemble les figures et le sol et la cheminée du tableau ?  En quoi la destination impliquerait –elle sur un tableau de format proche du carré deux perspectives distinctes ?

 

Encore une fois, on cherche la logique et la cohérence : mais rappelons-nous l’oratoire du Luxembourg, pièce par essence privée et ouverte à tous (voir l’erreur n°63), etc… En fait de cohérence, une seule s’impose, je cite Moana Weil-Curiel : « je m’écoute et je me convaincs »

 

Par contre voir Moana Weil-Curiel privilégier, à propos de cette même Annonciation de Montrésor pour la chapelle Chavigny, sa destination, son emplacement, est franchement comique : de fait, n’a-t-il pas dénigré, note 55 (voir erreur n°139), la relation que j’établis entre la cheminée figurée sur la peinture et les deux cheminées successives des pièces en enfilade précédant la chapelle, je cite : « J. Goncalves énumère l’orientation de l’éclairage « conforme à la réalité » du plan (l’ombre de l’ange correspondrait à la lumière provenant de la fenêtre, d’où il ferait irruption !) « la cheminée peinte au centre du tableau » qui répondrait, dans une « rime ternaire » aux cheminées des deux pièces précédentes » Pour rester dans les limites de la politesse, bornons-nous à constater pudiquement la contradiction. 

 

 


Erreur  n°130   :  L’Annonciation Wallace

Je cite Moana Weil-Curiel, la suite de sa note 206 : [La notice de l’Annonciation Wallace (cat. 124)] Entre temps, il [J. Gonçalves] multiplie les erreurs historiques puisque Sainte-Catherine du Val des Echoliers (provenance du tableau selon certains) est bien jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, un couvent de femmes (cf. notre remarque sur son cat.). Le tableau est effectivement arrivé « tardivement « dans l’église qui, rappelons-le, avait été celle des Jésuites entre temps expulsés, et disposait donc de plusieurs tableaux pour décorer son maître-autel. L’absence de rigueur et de vérifications de notre « leçonneur » va jusqu’à omettre l’ « immense mise au point » de B. Dorival sur les Annonciations de Champaigne de la bibliographie. »

 

Premièrement Moana Weil-Curiel commet une erreur de sens en faisant suivre une supposition (provenance du tableau selon certains) par une affirmation péremptoire (le tableau est effectivement arrivé « tardivement » dans l’église) ; pour un historien obsédé à inventer des contradictions chez moi, il ferait bien de s’appliquer à lui-même un minimum de méthode et de logique.

 

Deuxièmement. « L’absence de rigueur et de vérifications » de notre va-t-en-guerre lui fait multiplier les erreurs historiques : soit l’église est d’un couvent de femmes jusqu’au milieu du 18ème siècle, soit elle est occupée par les jésuites jusqu’à leur expulsion en 1764, dans le même temps, au milieu du 18ème siècle !

 

Troisièmement, il serait pour le moins curieux qu’un tableau aussi remarquable de Philippe de Champaigne apparaisse aussi tardivement dans les commentaires des voyageurs, s’il avait été peint pour une église jésuite. Mais d’où Moana Weil-Curiel tient-il que le tableau est « effectivement arrivé tardivement dans l’église » ? Après l’expulsion des jésuites ? Mais puisque l’église appartenait dit-il, à un couvent de femmes ? Inversement, couvent de femmes ou noviciat jésuite, il n’y a pas à dire qu’il y est arrivé tardivement.

 

Quatrièmement, une Annonciation parfaitement documentée se trouvait effectivement sur le maître-autel de l’église Sainte Catherine-de-la-Culture ; or ses dimensions sont incompatibles avec le tableau Wallace.

 

Cinquièmement, ce tableau en provenance de Sainte Catherine fut déposé par le Louvre au musée des Beaux-Arts de Strasbourg, où il brûla dans un incendie. Mais tout cela je l’ai écrit : encore faut-il savoir lire.

 

 Sixièmement, je cite : « l’absence de rigueur et de vérifications de notre « leçonneur » va jusqu’à omettre l’ « immense mise au point » de B. Dorival sur les Annonciations de Champaigne de la bibliographie. » Faux, je n’ignore pas l’article de Bernard Dorival sur le sujet, puisque c’est de lui que je tiens toutes les informations ci-dessus et présentes dans mon étude. Et faux encore, je ne manque pas de citer ce texte fondamental, il figure dans la bibliographie, en voici le copié-collé : DORIVAL (B.) "Recherches sur les sujets sacrés et allégoriques gravés aux XVII et XVIII ème siècles d'après Philippe de Champaigne", Gazette des Beaux-Arts, Paris, 1972. (A ne pas confondre avec : DORIVAL (B.) "Recherches sur les portraits gravés d'après Philippe de Champaigne aux XVII et XVIII ème siècles", Gazette des Beaux-Arts, Paris, 1970., également listé dans ma bibliographie.) L’irresponsabilité de notre « leçonneur » est sidérante.

 

Aussi, l’absence de rigueur et de vérifications de monsieur-je-m’écoute-et-je-me-convaincs va jusqu’à se dispenser de lire.

 

 

 

Erreur n° 131 : Révolutionnaire !

Je cite Moana Weil-Curiel, sa note 107 : « …face aux deux versions de l’Ecce Homo, il décrète que la mention - révolutionnaire - de « grand tableau » ne s’appliquerait ici qu’à la figure, « grandeur nature », ce qui « laisse donc le champ libre pour reconnaître » le tableau des Barnabites dans celui aujourd’hui conservé aux Musée des Granges… »

 

« …il décrète que la mention - révolutionnaire - de « grand tableau » ne s’appliquerait ici qu’à la figure, « grandeur nature ». Faux, faux, faux : Constatant que Les deux versions de L'Ecce Homo sont de même taille, je signale simplement que l'adjectif grand, avancé par B. Dorival comme seul argument pour distinguer un tableau est donc irrecevable.  Rien de plus logique.

 

Donc contrairement à ce qu’écrit notre « leçonneur », je ne réserve pas l’adjectif grand « qu’à la figure « grandeur nature » etc… l’adjectif s’applique indifféremment  et inévitablement aux deux versions. Savoir lire !

 

D’autre part, apprécions la précision « révolutionnaire » : dans cette phrase, Moana Weil-Curiel me reproche de mettre en doute cette mention « révolutionnaire », le même Moana Weil-Curiel qui écrit ailleurs, je le cite, texte ouvrant sur sa note 107 : « …il va donner plus de poids à des mentions révolutionnaires, dont on connaît depuis longtemps les erreurs et les confusions107 ». A ce niveau d’incohérence, nous ne parlerons même plus de méprise.

 

« …La mention – révolutionnaire » –Faut-il donc préférer la méthode anti-historique de la critique qui situe le tableau à Port-Royal non pas sur des arguments, mais en ignorant délibérément qu’il existe deux versions de cette peinture, dont l’une provient justement du Carmel ? Quand bien même ma conclusion serait invalidée, n’a-t-elle pas le mérite de poser le problème jusqu’à ce jour systématiquement ignoré ?

 

Balayer devant sa porte : « aux Musée des Granges » .

 

 

Erreur n° 132 : La Vierge à l’Enfant couronnée par les anges

Je cite Moana Weil-Curiel, texte : « On aimerait voir la conséquence de l’un de ses préjugés plutôt que de la mauvaise pratique quand, à partir d’une gravure, J. Goncalves extrapole des caractères stylistiques non pas seulement d’un artiste mais même parfois d’un mouvement, en l’occurrence le maniérisme bellifontain 119 »

… et note 119 : « Dans l’essai comme dans le catalogue, il se base sur La Vierge à l’Enfant couronnée par les anges, gravée par Charles David en 1632, pour, non seulement la restituer à Duchesne, mais affirmer que « l’organisation quadrillée de la surface du tableau [sic], la composition centrale et symétrique et le remplissage géométrique de la surface picturale en négligeant les références spatiales, la densité sculpturale des formes, et le drapé de la Vierge qui évoque Michel-Ange » procèdent du maniérisme bellifontain. »

 

Faux. Je ne fonde pas mon analyse sur une gravure pour tirer des généralités,  mais j’observe des éléments qui permettent de raccorder cette gravure à un mouvement plus général : c’est ce que fait tout historien face à une œuvre quelle qu’elle soit. Donc, une fois de plus, on reste confondu par l’étrange logique de Moana Weil-Curiel qui est coutumier du fait : ne me reproche-t-il pas ailleurs (texte menant aux notes 37et 38, voir erreurs n°54 et 55), à propos des dessins, de partir des vestiges existants pour, je cite de mémoire, tenter une reconstitution, ce qui est pourtant la méthode de tout archéologue, devant composer avec ce qu’il a.

 

N’en déplaise à Moana Weil-Curiel, il n’y a nulle extrapolation de ma part : le peu que je dis de Duchesne est tiré de la lettre de Claude Maugis, et de la connaissance de l’art italien comme préalable à la confiance mise en lui par Marie de Médicis.

Puis le manièrisme bellifontain est largement connu et étudié pour que je n’aie pas à extrapoler d’après une gravure : je ne fais que pointer dans cette gravure des éléments signifiants de ce courant, tels que l’aplatissement de la perspective ou l’ascendance de Michel-Ange. La phrase de Moana Weil-Curiel est aussi fausse que stupide.

 

De fait, tandis que pas un seul argument ni observation infime ne permet un tant soit peu d'envisager le Luxembourg comme destination d'un tableau perdu connu seulement par la gravure, en revanche je développe sur plus d'une page, dans l’essai comme dans le catalogue, les éléments qui font envisager une autre destination. D'un coté une page entière d'argumentaire, de l'autre rien, rien : eh bien Moana Weil-Curiel se détermine aussitôt, lui, pour le rien de rien, au seul motif de s'opposer. Bonjour l'historien !

Ce qui ne l'empêche pas ailleurs (voir erreur n° 11, sur la note 57 de Moana Weil-Curiel ) sur L'adoration des Mages du Mans, de nier que le tableau puisse provenir du Luxembourg en dépit de la dizaine d'observations que j'énonce. Que je dise blanc et ce sera aussitôt noir pour Moana Weil-Curiel, que j'écrive noir et le voilà qui assène blanc, lui qui n’est pas, je le cite, « spécialiste du peintre » !

 

Moana Weil-Curiel : je m’écoute et je me convaincs.


 

 

Erreur 134 : tripatouillages de Moana Weil-Curiel.

Je cite Moana Weil-Curiel, encore sa note 119 : « Dans l’essai comme dans le catalogue, il se base sur La Vierge à l’Enfant couronnée par les anges, gravée par Charles David en 1632, pour, non seulement la restituer à Duchesne, mais affirmer que « l’organisation quadrillée de la surface du tableau [sic], la composition centrale et symétrique et le remplissage géométrique de la surface picturale en négligeant les références spatiales, la densité sculpturale des formes, et le drapé de la Vierge qui évoque Michel-Ange » procèdent du maniérisme bellifontain ».

 

Noter que je parle du tableau, non pas de la gravure ; il n’y a pas dans mon texte la moindre ambiguité, mais Moana Weil-Curiel laisse entendre le contraire : le (sic) participe d’une ironie fort malvenue dans une appréciation truffée de fautes. Ainsi, « il se base sur la Vierge… pour la restituer à » ne veut rien dire. Encore un raisonnement idiot : on ne se base pas sur quelque chose… pour attribuer ce quelque chose… Et c’est Moana Weil-Curiel qui a le front d’accuser autant ma méthode que mon style ! Mais c’est à croire que ce monsieur à des difficultés avec la langue française : « dans l’essai comme dans le catalogue, il se base sur… » Je croyais qu’en bon français, on n’écrivait pas se baser sur…

 

Dans la citation ci-dessus, il y a deux fois surface en une seule phrase : nouvel exemple édifiant des tripatouillages de Moana Weil-Curiel (voir aussi l’erreur 87, sur sa note 126). Sous couvert de me citer, non seulement la phrase unique apparaissant entre guillemets est un collage de trois de mes phrases, mais procèdent du maniérisme bellifontain, présenté hors des guillemets (et donc perçu par le lecteur comme une conclusion de Moana Weil-Curiel) appartient bel et bien à mon texte ! Ce qui n’empêche pas Moana Weil-Curiel de dénigrer un style qu’il pervertit allègrement. Pour mémoire, voici ce que j’ai écrit (Richelieu 2, chap. l’héritier des droits de Duchesne) : « Champaigne à son retour de Bruxelles en 1628, sera occupé à d'autres réalisations, lesquelles ne feront nulle place comme ici à l'organisation quadrillée de la surface du tableau. La composition frontale et symétrique et le remplissage géométrique de la surface picturale  en  négligeant les références  spatiales  procèdent  justement  du  maniérisme bellifontain de Dubois : L'Allégorie de la Peinture, et L'Allégorie de l'alliance des maisons de France et de Toscane. Ajoutons la forte densité sculpturale des formes, et le drapé de la Vierge qui évoque Michel-Ange : en dépit de la lettre qui en attribue l'invention à Philippe de Champaigne, les doutes, dans le contexte que nous venons de définir, l'emportent. »

 

La composition frontale devient centrale, ce qui n’est pas la même chose, un terme impliquant une notion de relief sinon de profondeur, l’autre de surface : notre homme ne réussit pas même un copié-collé correct. Apprécions d’autant, ici encore, la « pertinence » de sa profession de foi (sa note 3), je cite Moana Weil-Curiel : «Car, nous démarquant de ses méthodes, nous avons pris le parti d’appuyer nos constats par de nombreuses citations, nous permettant juste de souligner en italique certaines expressions ou assertions. » Sans rire.

 

 

Erreur n° 135 : L’Annonciation de Montrésor.

Nous verrons avec l’erreur 139 (sur sa note 55 : L’Annonciation de Montrésor), que Moana Weil-Curiel critique trois de mes arguments de localisation, là où N. Sainte Fare Garnot qui retient la même localisation, se borne à affirmer, sans une preuve. Ailleurs, note 174, toujours sur ce tableau, Moana Weil-Curiel juge mes arguments de localisation un peu courts, je cite Moana Weil-Curiel : « L’Annonciation conservée à Montrésor (cat. 74) voit sa provenance passer d’une hypothèse un peu « courte » dans l’essai à une certitude, sans plus d’arguments, dans le catalogue : « c’est le tableau de la chapelle Chavigny ».

 

Si je n’ai logiquement pas répété dans la notice du catalogue les arguments paraissant dans le texte, en revanche, vérifions mon hypothèse « un peu courte » dans l’essai, je me cite : «L’Annonciation de Montrésor apparaît plus tardive [que les peintures de la chapelle Tubeuf] …de nombreux points de  convergence avec l’annonciation de New York…de 1644…les plis à la base de la robe…le geste du bras au lys, avec une position identique des doigts et la répartition des ombres et des lumières a lui aussi été copié d’une Annonciation pour l’autre. Or c’est vers 1644 que se situent les aménagements de Mansart dans l’hôtel Chavigny… ses dimensions moyennes correspondant justement à l’espace d’une chapelle semi-privée. Ajoutons trois autres observations, etc… » Si c’est là un manque d’arguments, qu’en dira-t-on de N. Sainte Fare Garnot (voir l’erreur 139) ? De celui-ci rappelons cette phrase : «il ne peut s’agir d’un retable destiné à un autel, mais plutôt à un oratoire. »  qui ne vaut « pas plus » que la mienne, je me cite « ses dimensions moyennes correspondant justement à l’espace d’une chapelle semi-privée ».

 

Sans doute Moana Weil-Curiel préfère-t-il « l’argumentaire » édifiant de D. Brême à propos par exemple des deux auteurs supposés des dessins de moines agenouillés, attribués par B. Dorival à un seul artiste, Philippe de Champaigne en l’occurrence. La moindre des choses dès lors qu’on conteste cette conclusion relayée par tous les historiens est d’apporter des éléments de réflexion troublants, sinon déterminants ; et l’affirmation triomphale de D. Brême (cat. 54, page 92) : « Le doute ne semble pas permis : l’auteur de ce dessin ne peut être celui à qui l’on doit l’étude du Louvre » laissait certainement entrevoir une avancée majeure de l’histoire de l’art. Mais en fait  d’arguments percutants pour étayer l’hypothèse de deux dessinateurs… Mais laissons la parole à D. Brême, cat. 60, p.200 : «…nous n’y trouvons pas […] la diversité des effets dont le maître se montrait capable. » Point ! Quant à l’auteur : « qui dans son entourage, développait une telle manière [ :] Nous pensons depuis longtemps à son neveu… » Soit : aucune observation vérifiable autorisant qu’on retire à Philippe de Champaigne ; rien pour l’idée de deux auteurs ; pas même deux noms potentiels, dans une suite d’impressions exclusivement subjectives qui a pourtant suffit à Lanoé pour en répéter la conclusion ! Si ce ne sont pas là des «arguments un peu courts »… La partialité agressive de Moana Weil-Curiel éclabousse ceux qu’il prétend défendre.

 

Autre exemple dans le même ouvrage, cette modeste feuille (cat. 14, page 95), dans laquelle D. Brême veut voir une étude de Jean-Baptiste, je cite : « Cette jolie petite feuille, d’un graphisme léger et rapide, est une étude pour la tête poupine du jeune Achille dans La Leçon d’armes. Par ce profil, Jean-Baptiste a bien évidemment voulu évoquer les monnaies et médailles antiques… ». On n’en saura pas plus sur le pourquoi ; en dépit de la totale absence d’information ; du format extrêmement réduit (12,5 x 10 cm.) qui restreint les possibilités d’appréciation ; alors que la peinture est inversée ; pire, alors même que l’orientation de la lumière est différente ; qu’il pourrait s’agir aussi bien, et davantage, d’un profil féminin, en raison même de la neutralité de ce dessin assez peu typé, sinon de la rondeur des traits et de la longue chevelure aérienne. Et malgré tout cela, sans un seul argument, D. Brême décide d’un dessin d’études pour La Leçon d’armes, par Jean-Baptiste, assène une conclusion arbitraire à 100%, qui ne laisse à Lanoé d’autre alternative que de l’adopter ! Bonjour les historiens ! Sont-ce là les modèles de Moana Weil-Curiel ?

 

 

 

Erreur n° 136 : d’une « Résurrection » à l’autre.

Je cite Moana Weil-Curiel, texte : « …Autre exemple de cette méthode « stylistique », les rapports qu’il systématise ou simplifie à l’extrême entre des tableaux autographes et d’autres qu’il attribue au Maître. Il suffira d’évoquer ici le cas des tableaux de Lerné, La Remise du Rosaire et la Résurrection du Christ […] Après avoir rappelé que le château de Lerné [Chavigny] était, comme celui de Pont-sur-Seine, l’une des résidences de Bouthillier… »  …et sa note 131 : « On retrouve notamment sa certitude que bien qu’ « oubliée jusqu’à perdre son attribution », c’est forcément cette Résurrection qui à servi de modèle à Noël Coypel, pour son tableau exécuté en 1700, aujourd’hui à Rennes ! »

 

«…Les rapports qu’il systématise ou simplifie à l’extrême entre des tableaux autographes et d’autres qu’il attribue au Maître. » Où est le problème ? N’est-ce pas ainsi que procède tout historien, qui tente de départager ce qui lui semble authentique de ce qui est étranger à son sujet ? Tout à sa vindicte arbitraire, Moana Weil-Curiel cite sans même savoir ce qu’’il reproche.

 « c’est forcément cette Résurrection qui à servi de modèle à Noël Coypel, pour son tableau exécuté en 1700, aujourd’hui à Rennes. »  Nouvelle confusion entre deux tableaux : le lecteur peur vérifier dans le rapport de la note au texte que Moana Weil-Curiel en mentionnant « cette Résurrection », désigne le tableau de Lerné (Illustration ci-contre) : or il s’agit du grand tableau sur le maître-autel dans l’église de Pont-sur-Seine. On ne compte plus les cas de confusion de tableaux (voir erreurs n°29 et 32) : L‘Adoration des bergers de Rouen, le Christ en croix de l’oratoire, Les Christ en croix de Rouen et du Louvre, L’Enfant au faucon, Saint Augustin, etc… dans lesquels Moana Weil-Curiel n’en est pas moins définitif et méprisant.

Une fois de plus ( rappelons-nous  ses foudres juste parce que je signalais un « sujet analogue »  voir erreur n°49)  Moana Weil-Curiel critique un rapprochement parfaitement légitime, comme on peut le voir par l’image : la composition inversée (peut-être par le biais d’une gravure) dispose de manière identique chaque figure, Christ ressuscité-ange en blanc-groupe de femmes-soldat debout à l’attitude identique, elle leur accorde une échelle comparable, jusqu’aux couleurs et à la gestuelle qui se correspondent.      

A propos du « forcément », voici mon texte, je me cite, (note 70, Richelieu, chap. 2, le palais du Luxembourg) : « Oubliée jusqu’à perdre son attribution, elle a pourtant servi de modèle à Noël Coypel, en 1700 pour la majestueuse Résurrection aujourd’hui au musée de Rennes. » Nulle part ne figure « forcément » ni tout autre  adjectif pouvant justifier quelque exclusivité.

Puis le jeu des guillemets qui incluent ou excluent laissent entendre au lecteur que Moana Weil-Curiel apporte ici son lot d’informations, alors qu’il répète ce que je dis. 

Inversement, lorsque l’information est de son cru, Moana Weil-Curiel n’est pas plus pertinent, je cite : « Après avoir rappelé que le château de Lerné [Chavigny] était, comme celui de Pont-sur-Seine, l’une des résidences de Bouthillier… »  Pourquoi cette précision [Chavigny] ? Le village s’appelle Lerné, le château fut construit et habité par Claude Bouthillier. Chaque prétendue information que Moana Weil-Curiel ajoute est –systématiquement- l’occasion d’une erreur. Curieux historien que ce Moana Weil-Curiel : je m’écoute et je me convaincs.

 

 

Erreur n° 137 : « hypothèse pour hypothèse »

Je cite Moana Weil-Curiel, encore sa note 131 : « On retrouve notamment sa certitude que bien qu’ « oubliée jusqu’à perdre son attribution », c’est forcément cette Résurrection qui à servi de modèle à Noël Coypel, pour son tableau exécuté en 1700, aujourd’hui à Rennes ! Hypothèse pour hypothèse, nous serions de ceux pour lesquels le nom de Nicolas Prévost comme auteur possible des tableaux de Lerné apparaît beaucoup plus envisageable. Mais nous demeurons d’autant plus prudents que nous n’avons pas encore eu la possibilité d’aller examiner directement »

 

La vindicte de Moana Weil-Curiel est telle qu’il fait fi de toute logique : après avoir dénoncé un rapprochement de deux tableaux ne poursuit-il pas –« hypothèse pour hypothèse » par … une proposition d’attribution !  Aucun rapport. Moana Weil-Curiel n’est que trop coutumier de ce type (d’absence) de démonstration. Rappelons encore les exemples donnés ici en erreurs n°32 et  36.

 

Comme chaque fois qu’il se risque à une attribution dans un domaine où il « n’est pas spécialiste », (rappelons-nous : Valdès Léal pour les Deux Têtes décapitées), Moana Weil-Curiel flirte avec le ridicule. Ici, la mention de Nicolas Prévost est surtout celle d’un artiste mis à la mode par une récente exposition au musée d’Orléans.

En l’occurrence, je remarque que le nom de Nicolas Prévost qui fut accolé à beaucoup de tableaux provenant du château de Richelieu a dû être  retiré, par exemple La Rencontre de Salomon et de la reine de Saba, au profit de Mosnier. C’est dire combien Moana Weil-Curiel cède à une mode, tant les seuls critères permettant d’isoler l’artde Prévost sont encore flous.

D’autant que l’on expliquerait mal la présence d’un autoportrait de Philippe de Champaigne, (identifié par S. Kerspern), dans une Résurrection qui serait de Prévost.

 

Mais à toutes fins utiles, je cite encore ce texte de Moana Weil-Curiel précédant la note 132 : « Pour la Résurrection, il constate qu’ « un soldat qui se prend la tête entre ses mains a la même physionomie que le Gaston de Foix (1636) [auj. à Versailles] tandis qu’un autre rappelle, avec sa tunique verte assortie d’une écharpe blanche, le saint Philippe peint par l’artiste  en 1649 ». Avec de tels critères, la conclusion ne peut-être qu’évidente : comme la Remise du Rosaire, cette Résurrection du Christ « est la seconde composition sur ce sujet, après celle de Pont-sur-Seine, qui nous soit parvenue de Philippe de Champaigne ».

Avec de tels critères : S. Kerspern, qui a lui aussi reconnu l’autoportrait, appréciera.

 

Balayer devant sa porte. Curieuse phrase, selon Moana Weil-Curiel, La Remise du rosaire est la même composition que La Résurrection , je cite : « comme la Remise du Rosaire, cette Résurrection du Christ « est la seconde composition sur ce sujet… »


 

Erreur n° 138 : Tous les chemins ne mènent pas à Pericolo.

Je cite Moana Weil-Curiel, sa note 136 : « Dans l’article que L. Pericolo consacre au possible Autoportrait du Fogg Museum (cf. « Philippe de Champaigne & the image of the artist », Apollo, septembre 2006, p. 44-49, référence manifestement omise par J. Goncalves), il insiste sur la stimulation que Champaigne avait dû ressentir devant cette effigie, arrivée à Paris en 1650. Il souligne aussi que le panneau aujourd’hui à Cambridge rend un bel hommage implicite à leur modèle commun, l’Autoportrait (perdu) de Giorgione, gravé par W. Hollar, nouvelle preuve, si besoin était, des influences italiennes réfutées trop souvent par J. Goncalves ».

 

« référence manifestement omise par J. Goncalves» : non pas omise : je ne connaissais pas cet article.

 

« [Pericolo] insiste sur la stimulation que Champaigne avait dû ressentir devant cette effigie », et donc pour Moana Weil-Curiel j’ai tort de ne pas en faire autant. Mais il est permis de ne pas penser comme Pericolo : L’Autoportrait de Cambridge est simplement l’image d’un peintre devant sa toile, qui détourne la tête pour s’observer dans le miroir ; c’est la disposition la plus immédiate, commune à la plupart des autoportraits, comme leur est constant l’éclairage contrasté et latéral (la lumière est prioritairement orientée sur la toile), et point n’est besoin de recourir à quelque référence pour viser un tel résultat. Dira-t-on de l’Autoportrait de Mondrian qui adopte le même angle de vue qu’il dérive du Giorgione ou du Champaigne ?  Du reste, des deux Autoportraits de Poussin, les historiens ne mentionnent pas tant le port de tête que les nombreux symboles, y compris la position des mains : or la peinture de Philippe de Champaigne se cantonne à une tête sur un fond sombre et nu. La relation reste donc purement conjecturelle, d’autant qu’elle doit composer avec une série de suppositions : que Philippe de Champaigne l’ait vue ; que son Autoportrait soit postérieur à 1650 ; que le portrait de Giorgione (perdu) ait été lui aussi connu de Philippe de Champaigne ; puis, comme répète Moana Weil-Curiel, il s ‘agirait d’un possible autoportrait ; enfin « il insiste sur la stimulation que Champaigne avait dû ressentir » est une hypothèse invérifiable. Soit une suite de suppositions et de conditions sans un argument pour les étayer, que Moana Weil-Curiel résume, avec sa logique singulière, par « nouvelle preuve » !

 

Et pour ajouter à ces incertitudes, rappelons d’une part que le portrait de Cambridge a été exclu par B. Dorival (en discuter la pertinence n’est pas notre propos), et d’autre part que les points de vue de Pericolo sont loin de convaincre, je rappelle simplement que D. Rykner a corroboré nombre de mes conclusions critiques sur son livre en concluant, je cite : « ce qui est en revanche réellement invraisemblable, c’est d’imaginer que la quasi-intégralité des œuvres conservées sont de notre peintre… Aucune mise en perspective du peintre dans l’art de son temps n’est même esquissée… espérons au moins un jour une monographie plus convaincante… » Beaucoup de conditionnels grèvent le commentaire méprisant et la suffisance de notre monsieur-je-m’écoute-et-je-me-convaincs qui oppose vite ses pseudo-certitudes à mes prétendus manques.

 

 

 

 

Erreur 139 : Moana Weil-Curiel  contre N. Sainte Fare Garnot.

Je cite Moana Weil-Curiel, texte : « cela lui permet, moyennant certaines « acrobaties » et assertions gratuites54, de justifier (c’est nous qui soulignons) l’emplacement dont il s’est persuadé55 »…et note 55 : « Ainsi, parmi les trois observations qui établiraient « définitivement » la localisation de l’Annonciation de Montrésor dans la chapelle de l’hôtel Bouthilier de Chavigny, J. Goncalves énumère l’orientation de l’éclairage « conforme à la réalité » du plan (l’ombre de l’ange correspondrait à la lumière provenant de la fenêtre, d’où il ferait irruption !) « la cheminée peinte au centre du tableau » qui répondrait, dans une « rime ternaire » aux cheminées des deux pièces précédentes (assertion modérée dans la légende de son croquis), et, sommet absolu de cette démonstration rigoureuse, « l’insistance sur le doigt levé de l’ange » qui prend ici « une résonance particulière » et accentuerait le « souci de vraisemblance [puisque] la chapelle était coiffée d’un lanternon » …

 

J’invite le lecteur à revenir sur la note 193 (erreur 22), dans laquelle notre étrange historien dénigre mes observations sur ce tableau au motif que je ne tiendrais pas compte de son emplacement, je cite Moana Weil-Curiel :  « [J. Goncalves] considère que « le sol relevé et la cheminée » de l’Annonciation de Montrésor « qui ne sont pas dans la même perspective que les figures sont d’évidence dus à l’atelier », mélangeant encore collaboration et destination... »

En résumé, note 193, je ne tiendrais pas compte de l’emplacement du tableau ; mais note 55, je tente de justifier l’emplacement (du même tableau) dont je me serais persuadé. Comprenne qui pourra.

 

Quant à cet « emplacement dont je me serais persuadé », dénigré par Moana Weil-Curiel , remarquons que N. Sainte Fare Garnot s’est lui aussi persuadé du même emplacement (cat Lille-Genève, notice    pages 129-130), je cite N. Sainte Fare Garnot : « il ne peut s’agir d’un retable destiné à un autel, mais plutôt à un oratoire. Se référant aux listes établies par Dorival, on en vient à s’intéresser au tableau qui devait décorer la chapelle privée de Léon Bouthillier, dans sa demeure parisienne [l’hôtel Chavigny] …c’est donc là que nous situons la commande du tableau. »

 

Nous aimerions entendre Moana Weil-Curiel accuser « certaines acrobaties » et « assertions gratuites » qui auraient conduit N. Sainte Fare Garnot à cette même conclusion.

 

Précisons que dans mon texte, j’écris : « ajoutons trois autres observations… », de sorte que ce ne sont pas seulement trois observations, mais que ces dernières viennent en suite d’une précédente série.

 

« …dans une « rime ternaire » aux cheminées des deux pièces précédentes (assertion modérée dans la légende de son croquis) »  Un plan, s’il vous plait  ! Encore une erreur sur les mots. Autant d’approximations venant d’un historien fait désordre.

 

Quant à « Assertion modérée dans la légende de son croquis », qu’il me suffise de  citer mon texte : « puis lorsqu'on considère le plan du premier étage, deux pièces en enfilade, toutes deux pourvues d'une cheminée, mènent à un troisième espace, celui de la chapelle : la cheminée peinte au centre du tableau en constitue donc la rime ternaire. », et voici maintenant la légende de mon plan : « Noter, sur les deux salles en enfilade, la présence successive de cheminées, qui a pu inspirer à l'artiste ce motif central de L'Annonciation de Montrésor. ». Reconnaitra-t-on entre ces deux commentaires quelque différence, sinon modération de l’un à l’autre ? Moana Weil-Curiel, qui n’a rien a dire sinon dénigrer, allègue et affabule, faute de mieux pour remplir ses pages.

 

« …et, sommet absolu de cette démonstration rigoureuse » : Moana Weil-Curiel préfèrera sans doute, en guise de « démonstration rigoureuse » pour établir l’emplacement d’origine de ce tableau, celle de N. Sainte Fare Garnot (cat. Lille-Genève, pages 129-130), fondée sur … la cheminée et le chat  ! Sans quelque relation à l’architecture, ni à la lumière naturelle, ni de format par rapport au plan, sans la moindre mention d’archive… voir l’erreur n° 135).

 

Balayer devant sa porte : « Bouthilier », faute d’orthographe déjà signalée en erreur 10.

 

 

Erreur n° 140 : Du berger à la bergère.

Revenons sur le texte précédant la note 128, Je cite Moana Weil-Curiel : «…Outre des croquis presque enfantins qu’il présente comme des reconstitutions probantes… »

 

C’en est définitivement, pitoyablement risible. Ma façon de dessiner à présent : n’y a-t-il rien qui trouve grâce à ses yeux ? Enfantin n’est certes pas le meilleur qualificatif pour un lavis au calame. Je voulais des dessins suffisamment flous pour qu’on n’entre pas dans le détail, puisqu’aussi bien il s’agit de donner une idée de la composition perdue, non pas des gestes et accessoires ; le recours au roseau, instrument que je n’utilise jamais, ajoutait à cet objectif un effet pictural approprié.

 

Mais quel étrange rapport aux enfants laisse entrevoir Moana Weil-Curiel ! Pas plus que le calame (Rembrandt lui doit ses plus beaux dessins), n’est un instrument destiné aux enfants, notre « leçonneur » leur destine (voir erreur  n° 86) -à des « enfants en bas âge », prend-il la peine de préciser ! des phrases du genre : « le choix de la couleur [est] conditionné notamment par les ombres noires », « afin de ne pas déborder et salir dans ces zones avec une couleur opaque, il est indispensable de la limiter précisément »…

 

Rappelons, en nous interdisant toute psychanalyse de comptoir, une règle que Moana Weil-Curiel aurait été bien inspiré d’observer (je cite : « certaines de ces interprétations « psychologiques » peuvent faire sourire48, n’est-ce pas se servir du peintre ou faire étalage de ses possibles manques ou névroses personnelles », voir aussi sa note 50, sur sa curieuse –euphémisme- analyse des rapports entre Joseph et Madeleine dénoncée dans ma Réponse, TdA, Note 50 Madeleine-Joseph), que Moana Weil-Curiel voit dans le corail –symbole d’éternité- tenu par le plus jeune des Enfants Montmor une tétine et un hochet ; qu’il confond systématiquement L’Enfant au Faucon avec La Petite Fille au faucon ; que, autre singularité, cette confusion frise l’obsession avec pas moins de cinq liens, une exception dans son texte. Ajoutons à cela sa manie à vous sermonner (de mémoire : il n’est pas venu à l’idée de José Gonçalves, la solution est évidente à tous sauf à José Gonçalves, nous conseillerions à José Gonçalves d’aller au musée, le trône de Dagobert que José Gonçalves pourrait aller voir à la bibliothèque, il suffirait de rappeler à José Gonçalves les éclairages variables de ses Annonciation), de même que son usage dispendieux du vocabulaire des écoliers –paresseux, myope, etc…), le tout dans un enrobage de mépris et de suffisance, offre  la matière singulière d’une enquête qui n’est pas de notre ressort. Mais ce n’est pas moi qui parle, je cite Moana Weil-Curiel, de : « ses possibles manques ou névroses personnelles », et de « syndrome » (note 206, erreur 94), les mots ou l’idée n’apparaissant jamais dans la totalité de mon étude.

 

 


Erreur n° 141 : quel rapport ?

 Je cite Moana Weil-Curiel, texte : « Quand à l’inverse, lorsqu’il [J. Goncalves] imagine que ce soit Champaigne qui ait inspiré Poussin pour leurs effigies respectives, il suffira peut-être de lui rappeler ce simple fait : Champaigne fut l’expert de l’inventaire de Pointel en 1660, où se trouvait l’Autoportrait que Poussin avait peint pour lui en 1649136 … » 

 

Premièrement : où cet étrange historien a-t-il déniché chez moi que Philippe de Champaigne aurait inspiré Poussin « pour leurs effigies respectives » ? Je n’ai trouvé rien de semblable ni dans mes notices, ni dans le chapitre relatif à l’ascendance de Poussin. A se demander si Moana Weil-Curiel ne m’attribue pas une hypothèse pêchée dans l’article de Pericolo qu’il cite en note 136. Moana Weil-Curiel : je m’écoute et je me convaincs.

 

Second point : donc, non seulement le « simple fait » avancé par Moana Weil-Curiel prétend contester chez moi une hypothèse qui ne s’y trouve pas, mais à contrario, il est donc une critique implicite de ce qui proviendrait de Pericolo : lorsqu’il [Pericolo] imagine que ce soit Champaigne qui ait inspiré Poussin pour leurs effigies respectives, il suffira peut-être de lui rappeler (à Pericolo) ce simple fait…  Il ne suffisait pas que je signale quelques erreurs dans le Pericolo, voilà que Moana Weil-Curiel  s’y met aussi ! (voir aussi l’erreur 114).

 

Heureusement, et c’est ici le troisième point, qu’elle vise José Goncalves ou L. Pericolo, la critique est vaine : que nous dit Moana Weil-Curiel ? Quelle est sa logique ? Que Philippe de Champaigne ait pu ou non influencer Poussin, ne l’empêche pas d’être « l’expert de l’inventaire de Pointel en 1660, où se trouvait l’Autoportrait que Poussin avait peint pour lui en 1649  » Quel rapport ? Deux faits indépendants, sans le moindre lien de causalité. En quoi « rappeler ce simple fait » serait une objection ?

 

Et c’est avec une telle (absence de) logique que notre homme s’avise de critiquer les autres ! Mais nous nous souviendrons longtemps de « ce simple fait » -« simple rappel ! » des trois peintres qui n’auraient pas peint de décors civils (erreur n° 93)…

A ce niveau d’égarement, nous ne parlerons même pas de myopie.

 

 

Balayer devant sa porte : « que ce soit Champaigne qui ait inspiré Poussin pour leurs effigies respectives » Pas clair. L’auteur voudrait-il dire « pour ses effigies successives» ? Apprenez donc à écrire avant de dénigrer le style des autres.

 

 

 

Erreur n°142 : erreur sur erreur sur erreur !

Je cite la note 175 dans son intégralité, tant elle semble, par l’accumulation des erreurs, significative des « méthodes » de ce monsieur : « A propos du Christ en Croix de Rouen (cat. 129) qu’il préfère à celui du Louvre, nous cherchons encore la contradiction entre une peinture ultime, peut-être exécutée en 1674 (qui « indique un intérêt de l’artiste pour ce sujet » [sic]), et sa présence dans l’inventaire du peintre. De même, la mention d’un « Christ » dans un document du temps ne correspond pas forcément à une Crucifixion. Enfin, soit l’inscription du tableau du Louvre est à prendre en compte, soit c’est J. Goncalves qui a donc « repoussé dans les dernières années [sa] datation » ?! »

 

1- faux, je ne préfère pas tel Christ, cela n’est dit dans aucune des deux notices (cat. 129 et cat.262) ;

2- « la peinture ultime »  se réfère bien, dans la phrase de Moana Weil-Curiel, au tableau de Rouen : « à propos du Christ en Croix de Rouen », alors qu’il s’agit en réalité du Christ sur la croix du Louvre, qui seul porte en inscription la date 1674 ;

3- question de logique : une peinture dite ultime implique qu’elle soit exécutée en 1674, l’adjectif excluant donc la probabilité « peut-être » ;

4- « Mention d’un Christ dans un document du temps » : mais Dorival (1957) interprète cette indication comme une crucifixion, je cite, cat 59, Le Crucifiement : « …[ce tableau] auquel faisait peut-être allusion, le 28 février 1793, Boizot, lorsqu’il relevait la présence dans le réfectoire de 4 autres tableaux de Champaigne, dont une Vierge de douleurs, et une Ecce Homo, un Bon Pasteur et un Christ. » Ce tableau est aujourd’hui reconnu de Jean-Baptiste : Boizot pensait peut-être à un tout autre tableau de l’oncle, vraisemblablement, pour continuer Dorival, une Crucifixion, dont plusieurs sont attestées à Port-Royal par les archives. Ajoutons que le document datant de la Révolution, il ne peut en conséquence être qualifié de « document du temps ». Mais notre curieux historien, qui a une conception fort élastique du temps historique, ne nous a-t-il pas gratifié (erreur n°111) de ces « exemples plus immédiats sinon contemporains » (de Philippe de Champaigne) que sont « les grands vénitiens » –du 16 ème siècle, et d’un Louis Hesselin possesseur d’un tableau réalisé10 ans après sa mort !

5- Nulle part je ne parle de contradiction  entre la date 1674 et la présence du tableau dans l’inventaire de 1674. Il semble que Moana Weil-Curiel se soit encore mélangé les pinceaux, en pensant peut-être au Christ mort  du Louvre, à propos duquel  je signale justement une contradiction liée à sa présence dans cet inventaire post-mortem, mais ceci est une autre histoire (erreur n°40).

6- Quant au sens de soit, voir l’erreur n°40, où il apparaît que notre homme se prend encore les pieds dans le tapis, puisque, en fait de contradiction qu’il est seul à inventer, c’est au contraire parce que, contrairement à la plupart des historiens, je prends l’inscription du tableau du Louvre au pied de la lettre que j’en repousse donc dans LA dernière année sa datation !!!  Il n’y a pas de « soit…soit » qui tienne.

 

Six erreurs, une par ligne, en guise de démonstration de la rigueur scientifique  que  Moana Weil-Curiel prétend m’opposer, et qui sont censées rendre compte de mon travail !

Je cite Moana Weil-Curiel : je m’écoute et je me convaincs.

 

 

A suivre...

 

 

 

 

 

En guise de conclusion provisoire :

Est-il besoin de préciser que seules des excuses de Moana Weil-Curiel pourraient éventuellement me faire interrompre ce décompte de ses erreurs, ignorances, manipulations, tripatouillages et falsifications ?

 

 

En guise de conclusion générale :

Si le texte de Moana Weil-Curiel  avec ses erreurs, ignorances, manipulations, tripatouillages et falsifications est représentatif du travail d’un historien de l’art, alors c’est que l’Histoire de l’Art est aujourd’hui à l’agonie. José Goncalves, Juin 2014.